ven Mar 29, 2024
vendredi, mars 29, 2024

La crise de l’Union européenne

L’Union européenne (UE) subit sa pire crise depuis sa fondation. Loin d’être circonstancielle, ce sont ses propres bases qui tremblent.

Felipe Alegría

En pleine vague dépressive commencée en 2007/08, et où l’urgence climatique joue son rôle, l’UE est mise à mal par le conflit entre les Etats-Unis et la Chine, et elle a perdu sa place dans la division mondiale du travail. Cela concerne d’abord l’Allemagne, mais en conséquence l’ensemble de l’économie européenne.

La propagande officielle nous présente l’UE comme le refuge des valeurs européennes : la paix, les droits de l’homme, la démocratie et l’Etat-providence. Cependant, ces dernières années ont clairement montré son vrai visage : une machine de guerre sociale rigoureusement hiérarchisée, avec le capitalisme allemand au poste de commande, en alliance avec le capitalisme français.

L’UE a été le principal protagoniste des pires plans d’ajustement et de contre-réformes sociales et du travail depuis la Seconde Guerre mondiale. La dévastation et le pillage de la Grèce en est l’exploit le plus sinistre. L’UE soutient la répression du peuple catalan par l’Etat espagnol pour avoir voulu exercer son droit légitime à l’autodétermination. L’UE maintient une politique xénophobe et raciste à l’égard des réfugiés et des immigrants, sous-traitant le pire boulot aux gouvernements turc et marocain et aux mafias libyennes, et transformant la mer Méditerranée en un immense charnier. L’UE est l’instrument de politique étrangère des principales puissances européennes, pour conclure des accords commerciaux, couvrir la vente d’armes à des régimes sanguinaires et corrompus comme le saoudien, ou pour légitimer des interventions militaires comme celles de l’impérialisme français en Afrique.

L’UE en crise

Les plans lancés par l’Allemagne et la France en 2015 pour refonder l’UE – renforçant ses prérogatives et soumettant les autres Etats (principalement les périphériques) à un contrôle rigide – sont restés lettre morte. Pendant ce temps, l’euroscepticisme s’est répandu sur tout le continent. La Grande-Bretagne quitte le navire, et à l’occasion, Trump fait campagne pour le Brexit, le gouvernement écossais se bat pour un nouveau référendum sur l’indépendance, et le problème irlandais est relancé.

L’ensemble du système institutionnel européen mis en place après la Seconde Guerre mondiale se fissure, et l’instabilité politique s’est installée en Europe. Les grands partis de droite et la social-démocratie, qui pendant des décennies ont soutenu la domination capitaliste sur le continent, sont en déclin manifeste. Dans certains pays ils résistent, dans d’autres, comme la France, ils sont devenus des forces marginales. Pendant ce temps, des solutions de rechange comme Macron ou les partis verts émergent, et surgit l’extrême droite, exploitant la xénophobie et le racisme et s’appuyant sur le rejet populaire de l’UE avec laquelle, en même temps, ils refusent de rompre.

Les puissances européennes sentent que le sol bouge sous leurs pieds.

Il y a plusieurs décennies déjà que les puissances impérialistes européennes ne sont plus les maîtres du monde. La Seconde Guerre mondiale marqua leur déclin final et scella leur dépendance à l’égard des Etats-Unis, la nouvelle grande puissance hégémonique. La reconstruction européenne fut réalisée sous l’impulsion et le leadership de l’impérialisme étasunien, qui favorisa la création des institutions qui plus tard ont mené à l’UE. L’alliance entre les Etats-Unis et l’Europe occidentale fut pendant des décennies la clé de voûte de la division mondiale du travail. Ce pacte étasunien avec la bourgeoisie allemande renaissante fut une pièce maîtresse dans l’équilibre du système des Etats.

Ce pacte s’est fissuré avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence. Une de ses premières décisions fut d’abandonner le TTIP, le traité de libre-échange et d’investissement qui avait été laborieusement rédigé par l’UE et l’administration Obama. Trump est ouvertement favorable à la désintégration de l’UE (en commençant par le Brexit). Il préfère traiter de pays à pays, affirmant avec force le poids de la supériorité étasunienne, et non avec un bloc mené par l’Allemagne.

Mais le tournant de Trump n’est pas un simple caprice du personnage ; il répond aux profonds bouleversements provoqués dans l’ordre mondial par la crise de la dite mondialisation. Celle-ci décolla dans les années 1980, donnant lieu à une vague ascendante du capitalisme qui dura plus de 20 ans, jusqu’au déclenchement de la crise financière de 2007-08.

Son principal point d’appui fut la restauration du capitalisme en Chine, promue par le Parti communiste. Le partenariat Etats-Unis – Chine était au centre de cette mondialisation qui impliqua la libéralisation générale du mouvement des capitaux, l’incorporation de l’Internet et des nouvelles technologies (TIC) dans la production et la distribution, et une reconfiguration des chaînes de production mondiales sur la base des millions de travailleurs chinois incorporés au marché mondial capitaliste dans des conditions de semi-esclavage.

La mondialisation et l’UE.

Les grandes puissances européennes se sont incorporés avec enthousiasme à la mondialisation . En 1986, elles lancèrent l’Acte Unique pour créer le marché unique européen, instaurant la pleine liberté de circulation des capitaux, accompagnée d’une première salve néolibérale contre les acquis sociaux obtenus dans l’après-guerre. L’étape suivante, avec pour objectif la mise en marche de la monnaie unique européenne, fut le traité de Maastricht (1991), auquel était associée une puissante offensive de coupes budgétaires et de contre-réformes, à être mises en œuvre par les gouvernements sociaux-démocrates.

La mondialisation en Europe était liée à la restauration du capitalisme dirigée par les partis staliniens en URSS et en Europe de l’Est. Le grand bénéficiaire en fut le capitalisme allemand, qui complétait ainsi un processus de semi-colonisation des pays de l’Est au service de ses multinationales, en particulier dans le secteur de l’automobile.

Ce processus s’accompagna de l’intégration de l’Allemagne de l’Est et de l’imposition des réformes Hartz (2003-2005) par le social-démocrate Schröder qui poussaient près d’un quart de la classe ouvrière allemande dans l’extrême précarité des mini-jobs. Sur cette base, l’économie allemande, qui était déjà la principale puissance économique européenne, renforça son hégémonie sur le continent autour d’une puissante machine exportatrice, en convertissant une bonne partie de l’industrie de l’UE en ses fournisseurs.i

Dans ce processus, la monnaie unique (avec la BCE) constitua un instrument de base pour consolider la puissance allemande. Lorsque la crise financière éclata en 2007-08, les principales puissances européennes évitèrent l’effondrement en s’appuyant sur l’UE et en sauvant leurs banques avec l’argent public, en pillant la périphérie (la Grèce, le Portugal, les pays de l’Est, l’Irlande, l’Espagne) et en sévissant de façon générale contre les services publics, les salaires et les pensions, en particulier dans des pays comme la Grande-Bretagne. Dans ce processus, l’Allemagne renforça son hégémonie tandis que la Grèce et le Portugal furent réduits à la catégorie de semi-colonies dans lesquelles l’Etat répondait dorénavant directement aux diktats étrangers.

Moyennant les plans d’austérité, ils réussirent à soumettre la classe ouvrière de nombreux pays de l’UE à un nouveau modèle d’exploitation, dont la marque est une précarité généralisée de l’emploi, des salaires et des conditions de vie de la classe ouvrière, ainsi que l’appauvrissement de larges secteurs des classes moyennes.

Bien sûr, tout cela n’était pas un processus inévitable. S’il a eu lieu, c’est à cause de la complicité de la bureaucratie des grands syndicats et de la trahison d’une soi-disante gauche qui, comme Syriza, gagna la faveur du peuple grec en tant que champion de la lutte contre l’austérité, pour ensuite se convertir en successeur du PASOK et en nouveau bras de fer de la Troïka.

Mais malgré son offensive antisociale, le capitalisme européen n’a pas réussi à sortir de la vague dépressive commencée en 2007-08. Non seulement il n’a pas pu se relancer, il n’a fait qu’endosser le coup, en faisant appel à la Banque centrale européenne qui a acheté massivement des dettes publiques et privées et a fourni des fonds illimités aux banques à 0% d’intérêt. Un remède qui, à ce stade, le capitalisme lui-même considère comme insuffisant. Et entre-temps, l’industrie allemande est actuellement en récession, la stagnation économique s’installe en Europe et la menace d’une nouvelle récession mondiale se profile.

La crise du capitalisme européen fait partie de la crise générale de la mondialisation .

Cependant, la crise européenne n’est pas spécifiquement européenne, elle fait partie intégrante de la crise générale de la mondialisation. Le capitalisme mondial entra en 2007-08 dans une période de stagnation sans qu’aucune issue ne soit en vue pour le moment. Aucune vague générale d’investissements, associée à l’augmentation du taux de profit qui soit susceptible d’entraîner une nouvelle période de boom, n’est à l’ordre du jour. Au contraire, l’évolution économique générale est marquée par un parasitisme de plus en plus monstrueux et par le déployement de la bataille de l’impérialisme étasunien pour maîtriser le capitalisme chinois qui aspire à lui disputer les super-profits dans les branches économiques clés (5G …) et le contrôle régional de l’Asie.

Cette lutte mondiale modifie la position des régions et des pays du monde, provoquant le reclassement de l’Allemagne et de l’UE, pris en sandwich entre deux capitalismes beaucoup plus puissants. La place de l’Allemagne dans la division mondiale du travail est associée à sa puissance d’exportation, pour le moment en déclin (ce qui pourrait être sérieusement aggravé si Trump réalise sa menace d’augmenter les tarifs sur les voitures allemandes). La crise de la grande banque allemande (Deutsche Bank) éloigne celle-ci de la première ligne du capital financier mondial. Dans le même temps, l’Allemagne (et l’UE) ont été distancées dans la course des grandes entreprises technologiques mondiales qui parasitent et monopolisent les bénéfices mondiaux. Ces sociétés mondialisées sont concentrées dans les mains de l’Amérique du Nord (suivie de la Chine).

Le déclin de l’économie allemande s’accompagne du déclin du capitalisme français et entraîne l’ensemble des pays de l’UE. Ce processus sape le leadership allemand, met à mal l’alliance franco-allemande et remet en question la cohésion de l’UE.

Les conséquences sociales et politiques du déclin du capitalisme européen.

Les capitalismes européens et l’UE sont entrés dans une période de déclin qui se prolongera dans le temps. Un déclin qui entraîne une nouvelle poussée vers la délocalisation industrielle et la généralisation des emplois précaires, dans le secteur des services mais aussi dans l’industrie, avec des salaires bas ou très bas, des attaques contre les retraites publiques et la détérioration des systèmes de santé et d’éducation. Les conditions sociales et du travail dans les pays de l’Est sont la référence des capitalistes, avec l’Asie dans la mire.

Cette offensive capitaliste touche la périphérie européenne, de plus en plus dépendante, tout comme les pays centraux, comme on le voit dans la dégradation sociale britannique ou l’actuelle offensive Macron contre le système public de retraite.

L’autre face de la dégradation sociale est le recours croissant des Etats de l’UE à des mesures de plus en plus autoritaires et bonapartistes contre les droits démocratiques, y compris le droit des travailleurs à la négociation collective. C’est le cas des gouvernements « démocratiques » de Macron, du PSOE ou du nouveau cabinet italien formé par le Parti démocrate et le M5S.

La présidence de Macron s’est distinguée par ses attaques contre les droits du travail, par la brutale répression policière et judiciaire contre les Gilets jaunes et par l’adoption de nouvelles lois contre le droit de manifester et de s’exprimer. Le nouveau gouvernement italien maintient les décrets Salvini qui punissent cruellement ceux qui aident les réfugiés et les migrants, et qui permettent de condamner à de longues années de prison et à d’énormes amendes ceux qui occupent une maison vide ou bloquent une route pendant une grève. En Espagne, nous subissons la condamnation brutale des dirigeants catalans pro-indépendance pour avoir promu un référendum, ainsi que la répression policière sauvage contre les manifestations de protestation contre cette condamnation. Actuellement, si nous suivons la doctrine de la Cour suprême espagnole, la personne qui empêche l’exécution d’un délogement pourra être accusée de sédition. De même, le crime de terrorisme peut servir à accuser sans discrimination ceux qui affrontent le régime monarchique. Nous tenons à souligner que nous ne parlons pas seulement des gouvernements « libéraux » réactionnaires de Kaczynski (Pologne) et d’Orbán (Hongrie), dénigrés par la presse « libérale », mais des trois Etats les plus importants de la zone euro après l’Allemagne.

Les défenseurs de gauche de l’UE.

Dans leur effort de maintenir leur pouvoir dans la confrontation mondiale actuelle, les puissances capitalistes européennes, avec l’Allemagne en tête, ont besoin de soutenir la machinerie de l’UE, afin de continuer à pouvoir recourir à cette grande arme commune contre la classe ouvrière et les peuples d’Europe.

Mais, en même temps, leur déclin affaiblit l’UE et renforce les tendances centrifuges, alimentées par le Brexit et soutenues par un rejet social croissant, non seulement de la part de la classe ouvrière des différents pays, mais aussi de la part de larges secteurs de la petite bourgeoisie appauvrie et jusqu’à des secteurs moyens de la bourgeoisie, maltraités par le capital financier. En tout cas, au-delà de la voie concrète que prendra le déclin du capitalisme européen, deux choses sont claires : la première est que le coût, énorme, tombera sur le dos des masses laborieuses ; et la seconde, que le rôle de l’UE sera central dans l’offensive du capital.

Cependant, la bureaucratie syndicale britannique et la gauche soumise au parti travailliste, incapables de faire face au Brexit tory avec un Brexit socialiste, veulent faire croire aux travailleurs et aux jeunes britanniques que l’UE protégera leurs droits du travail et sociaux. Ils devraient se renseigner auprès des travailleurs grecs, portugais ou espagnols, chez les Gilets jaunes, ou chez les indépendantistes catalans.

Bien qu’en réalité, les arguments des partisans du Remain and Reform (rester et réformer) sont les mêmes que ceux utilisés par Pablo Iglesias (Podemos), par les dirigeants du Bloc portugais ou par Melénchon (la France insoumise). Autrement dit, le chœur des anciens admirateurs de Tsipras.

Il y a dans l’extrême gauche européenne ceux qui, comme Lutte Ouvrière en France, soutiennent que cela n’a pas de sens de combattre l’UE, étant donné que « la lutte est contre le capitalisme ». De ce fait, ils vident de contenu la lutte concrète contre le capitalisme, au nom d’une abstraction, Car il n’y a pas de capitalisme français séparé de l’UE. Le capitalisme français a un besoin vital de l’UE pour attaquer ses propres travailleurs et pour continuer à jouer un rôle de puissance impérialiste en Europe et dans le monde. Il n’y a pas de lutte contre le capitalisme français qui ne soit pas aussi une lutte contre l’UE et pour une Europe socialiste des travailleurs et des peuples.

Il y a aussi, au sein de la dite extrême gauche européenne, ceux qui s’opposent à la lutte pour la rupture avec l’UE et l’euro, affirmant que c’est une sortie « nationaliste » qui « fait le jeu à l’extrême droite ». En fait, c’est un faux argument qui amalgame le rejet populaire de l’UE avec le chauvinisme et la xénophobie de l’extrême droite, déformant grossièrement la réalité et donnant une couverture de gauche aux défenseurs de l’UE et de l’euro.

Il y a enfin un groupe formé par des dirigeants du Secrétariat unifié – Quatrième Internationale (SU-QI), qui forme la dernière tranchée, la plus sophistiquée, dans la défense de l’UE. Il y a six ans (avec la périphérie européenne en pleine crise de la dette), ils défendaient une « refondation audacieuse de l’Europe » et s’opposaient carrément à toute rupture avec l’euro et l’UE. Ils défendaient des « gouvernements anti-austérité » avec une « stratégie viable » qui allait négocier une « restructuration de la dette ». Tsipras et son gouvernement étaient également pour eux le grand modèle. C’est pourquoi ils l’ont soutenu jusqu’à une seconde avant qu’il ne commette l’infâme trahison du référendum de juillet 2015.

Maintenant, après l’expérience grecque, ils ne peuvent plus revendiquer Tsipras et ils disent que l’UE ne peut pas être « radicalement réformée de l’intérieur ». Cependant, dans un récent manifeste,ii ils poursuivent la recherche désespérée d’une troisième voie pour éviter d’appeler à une rupture avec l’UE et l’euro. Le manifeste, consacré à expliquer les mesures d’un « gouvernement de gauche populaire », propose, dans une première année, un programme immédiat, keynésien, de désobéissance aux Traités, mais en demeurant dans l’UE et l’euro, et sans toucher à la propriété des grands moyens de production et des banques. De même, dans ses scénarios à moyen terme, il envisage la mise en place d’une nouvelle monnaie qui serait cependant complémentaire de l’euro, dans le cadre duquel ils resteraient. Un projet vraiment farfelu et bizarre.

Il n’y a pas d’issue sans une véritable unification européenne, c’est-à-dire sans la fin de l’UE et la construction des Etats-Unis socialistes d’Europe.

L’UE reflète le très haut degré d’intégration de l’économie européenne et elle est, en même temps, le principal obstacle à sa véritable unification. L’intégration économique n’a pas conduit à la formation d’un Etat européen qui favoriserait la convergence entre les différents pays.

Au contraire, les différentes bourgeoisies ont maintenu et renforcé leur propre Etat pour défendre les intérêts de leur capital financier et faire face à leur classe ouvrière. Les frontières formelles ont été largement diluées (bien que cela ne soit pas si évident pour la circulation des personnes), mais par contre, les frontières économiques et sociales entre les pays ont été fortement renforcées, creusant les inégalités économiques et sociales entre eux. Cette tendance, loin d’être en train de s’atténuer, s’est approfondie au cours de la dernière crise et va encore s’accentuer dans l’avenir.

Sous le capitalisme, il n’est pas possible de sauver l’Europe de la décadence, ni les masses laborieuses de la régression sociale, ni de faire face à l’urgence climatique. Il n’est pas possible de le faire sans unifier l’Europe sous le pouvoir des travailleurs. La lutte pour prendre le pouvoir et exproprier le capital commence dans les pays individuels, mais ne peut aboutir avec succès qu’en l’étendant aux autres pays et en construisant les Etats-Unis socialistes d’Europe, compris à leur tour comme formant partie de la lutte pour une fédération socialiste mondiale.

La lutte du peuple catalan pour ses droits nationaux se heurte non seulement au régime monarchiste mais aussi à l’UE, le grand soutien de l’Espagne. Le mouvement contre le changement climatique se heurte non seulement à l’hypocrisie des gouvernements mais aussi à celle de l’UE, qui promeut et cautionne une politique au service du « capitalisme vert », qui ne veut ni ne peut lutter contre le changement climatique ou la dégradation de l’environnement. Le mouvement de solidarité avec le peuple kurde se heurte à la politique complaisante de l’UE envers le régime turc, sous-traité pour fermer le passage à l’Europe des déplacés syriens qu’il maintient sans droits et dans le dénuement. Les Gilets jaunes français affrontent non seulement Macron, mais aussi l’UE. Les plans de Macron contre le système public de retraite ne sont pas seulement une exigence du capitalisme français mais aussi de l’UE.

Il n’y a pas de salut individuel national, sans unifier l’Europe sous le pouvoir des travailleurs. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons réaliser une véritable unification économique, mettant toutes les forces au service du progrès humain, mettant fin à la division entre les Européens de première, deuxième et troisième catégorie, convertissant l’industrie et le commerce pour faire face à l’urgence sociale et climatique, et faisant du continent un bastion de la lutte pour le socialisme mondial.

Cela signifie, tout d’abord, mettre fin à l’UE. Dans aucun pays de l’UE il n’y a de politique révolutionnaire qui ne part pas de là et de la lutte pour une Europe socialiste des travailleurs et des peuples. C’est l’axe centralisant de tout programme révolutionnaire en Europe.

Citons pour finir quelques mots prononcées par Léon Trotsky au IVe congrès de l’Internationale Communiste, il y a près de 100 ans, qui sont toujours pleinement d’actualité : « Le mot d’ordre des Etats Socialistes d’Europe se situe au même niveau historique que celui de « gouvernement ouvrier et paysan »; c’est un mot d’ordre de transition, il indique une issue, une perspective de salut, et il donne, en même temps un coup de pouce révolutionnaire aux masses laborieuses. »

Voilà le chemin.

Courrier International n° 22 – octobre 2019

Notes:

1.En 2018, l’économie allemande représentait 28% du PIB de l’UE et 39% de sa valeur ajoutée industrielle. C’est le troisième pays exportateur au monde et ses ventes à l’étranger représentent 40% de son PIB. Les Etats-Unis et la Chine sont ses principaux clients hors de l’UE (8,71% et 7,13% du total). Ses principales exportations sont les véhicules de luxe et l’outillage de pointe.

2.Le Manifeste pour un nouvel internationalisme des peuples en Europe (mars 2019) est dirigé par Eric Toussaint et signé par des dirigeants du SU-QI (dont la direction historique du NPA français), ainsi que par des dirigeants de forces réformistes (France Insoumise, Attac, Izquierda Unida espagnole, PCF …) et quelques intellectuels de prestige.

Ces articles peuvent vous intéresser

Découvrez d'autres balises

Artigos mais populares