jeu Mar 28, 2024
jeudi, mars 28, 2024

De la Place Tahrir à Syntagma, de la Plaza del Sol à Occupy Wall Street, les femmes sont dans la lutte.

Déclaration de la LIT à l'occasion de la Journée internationale de lutte de la femme


Non au machisme et à l'oppression !

En défense des droits de la femme : à bas les plans d'ajustement !

Que les capitalistes payent la crise !

   L'une des images les plus frappantes qui ont fait le tour du monde fut celle d'une militante égyptienne brutalement battue, traînée par terre, piétinée et dont les vêtements étaient arrachés par les soldats de l'armée égyptienne.
Cette scène illustre la brutalité, la barbarie et l'injustice capitaliste, exprimées à travers une furieuse violence machiste, mais elle montre aussi la force, la bravoure et le courage de celles qui combattent. Cette scène, parmi tant d'autres, a donné aux révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en plus d'être emmenées par le peuple et la jeunesse, un visage de femme.

   En Egypte, ce furent les femmes ouvrières du textile qui déclenchèrent la première grève ouvrant la mobilisation ouvrière contre Moubarak. Ce sont elles qui ont visité d'autres usines pour convaincre leurs camarades de participer à la grève. Cette même usine du textile de Mahalla al Kubra convoqua une grève le 6 avril 2008, au cours de laquelle ces femmes furent durement réprimées.
Les jeunes qui lancèrent les manifestations sur la Place Tahrir se donnèrent par la suite le nom de Mouvement du 6 avril, en soutien à la classe ouvrière du textile. S'affrontant à la dictature et l'oppression, les femmes, voilées et non voilées, se tinrent sur la Place Tahrir et continuèrent la lutte, contre le gouvernement mais aussi contre le machisme.
   En Europe, la crise capitaliste, la série des plans d'ajustement, les coupes budgétaires et la surexploitation de la classe ouvrière frappent à fond les femmes et leurs droits acquis de haute lutte. Les femmes et les autres secteurs opprimés, comme les immigrants et les jeunes, sont les premières victimes de la guerre sociale que les capitalistes mènent contre la classe ouvrière. En parallèle à l'effondrement de ce qu'on appelle l'Etat providence, ils sont en train d'attaquer tous les acquis obtenus par les femmes travailleuses.
   Dans ce contexte, les gouvernements capitalistes cherchent depuis des années à faire avaler ce mensonge suivant lequel les femmes seraient pratiquement émancipées sous ce système, dont la caractéristique principale est l'exploitation et l'inégalité.
   La vérité est que l'inégalité et l'oppression sont une arme utile à l'exploitation. Même dans les pays où notre classe, ainsi que les femmes, ont obtenu davantage de victoires, nous sommes loin de l'égalité : partout dans le monde, les femmes ont des salaires plus bas que les hommes. Les chiffres de l'inégalité varient de 16 % en Suède et au Danemark à 23 % en Allemagne, 33 % au Brésil et entre 26 % et 30 % en Argentine.
La violence, qui augmente dans le monde entier, est un autre fait inquiétant. Et la pauvreté et la faim frappent également davantage les femmes : 70 % de ceux qui vivent dans la pauvreté sont des femmes.
   Les femmes qui, dans les années de croissance économique, sont surexploitées et intégrées sur le marché du travail avec une rémunération inférieure, supportent aussi, en général, dans les années de crise, le coût des ajustements et des coupes dans les budgets sociaux.
Il est vrai que les femmes ont obtenu une série de conquêtes, comme résultat de la lutte de l'ensemble des femmes travailleuses. Mais toutes ces conquêtes sont constamment menacées.
   Actuellement en Europe, par exemple, tous les gouvernements mettent en œuvre des plans d'ajustement de la troïka (l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI), qui attaquent tous les droits durement acquis. Chaque coupe sociale génère du chômage, et en particulier, avec les licenciements actuels dans la fonction publique, des licenciements massifs de femmes dans des secteurs comme l'éducation et la santé. D'autre part, de plus en plus de tâches assumées précédemment par l'Etat sont reléguées au domaine domestique, comme le soin des malades, des personnes âgées et des enfants, et l'on essaye même de rendre le congé de maternité plus difficile d'accès ou d'en réduire la durée. Ces mesures concrètes sont accompagnées d'une campagne réactionnaire et conservatrice défendant l'idée que la place de la femme soit à la maison. Dans des pays comme l'Espagne et le Portugal, par exemple, l'Eglise diffuse dans les médias des déclarations d'évêques soutenant directement ce genre d'aberrations.
   Il y a aussi une offensive idéologique contre l'avortement légal, accompagnée de mesures pratiques pour le rendre plus difficile d'accès, telles que des coupes en matière de santé et de droits, comme en Angleterre et dans l’Etat espagnol. Les lois qui existaient en faveur de l'égalité, qui n'étaient même pas appliquées et ne garantissaient pas effectivement l'égalité, sont dans le collimateur, ce qui permettra d'approfondir de beaucoup les inégalités, l'oppression, et, partant, l'exploitation de l'ensemble de la classe ouvrière.
   Mais dans les manifestations en Europe également, les femmessont dans la lutte, et comme en Egypte, se mettent en avant et acquièrent un poids important, comme dans les dernières manifestations de masse dans l'Etat espagnol.
   En Amérique latine, nous avons la double journée de travail, l'inégalité des salaires, le manque de crèches, l'augmentation de la violence contre les femmes et l'impunité des assassins, comme au Brésil, voire même la faim, comme en Haïti, ou encore les faits terribles de décès de femmes dans des avortements mal faits, dans la clandestinité, quand l'interruption de grossesse n'est pas légalisée mais au contraire criminalisée. Beaucoup de femmes meurent dans des avortements effectués dans des conditions précaires.
   Tout comme les femmes sont les premières à subir les conséquences de l'injustice et des attaques des gouvernements, elles sont aussi parmi les premières à se lancer au combat. C'est ainsi qu'une autre photo a fait le tour des réseaux sociaux : celle d'une femme de Pinheirinho – un quartier avec plus de 6 000 habitants, construit suite à l'occupation de terrains urbains au Brésil – avec ses enfants, au milieu des flammes et des bombes lancées par la police lors de l'expulsion violente de ce quartier. Cette intervention autoritaire, qui est une flagrante violation des droits de l'homme, a choqué les Brésiliens et s'est répercuté dans le monde entier.

Les « dames de fer » ne nous représentent pas.
   Le capitalisme, ainsi que plusieurs associations de femmes, essaye de présenter les gouvernements capitalistes dirigés par des femmes telles qu'Angela Merkel, Michelle Bachelet, Cristina Kirchner ou Dilma Rousseff comme une conquête qui nous serait avantageuse. Dans cette logique, qui ignore les différences de classe entre bourgeoises et travailleuses, il suffirait d'obtenir plus de postes pour les femmes sous le capitalisme.
   Mais l'oppression que souffrent les femmes travailleuses est différente de celle des femmes bourgeoisies : pour nous, elle se traduit par l'exploitation et la double journée de travail. De leur côté, les femmes capitalistes, en particulier celles au gouvernement, agissent en faveur de l'approfondissement de l'oppression des femmes, dans la mesure où elles mettent en oeuvre les coupes budgétaires et l'exploitation.
   Ces femmes jouent un rôle absolument réactionnaire. La vice-première ministre du gouvernement Rajoy en Espagne, Soraya Saenz de Santamaria, par exemple, a fait valoir récemment, se prenant comme exemple, que les femmes devraient avoir un congé de maternité plus court, de seulement 10 jours après l'accouchement. Pour cette femme conservatrice, qui a la possibilité d'exploiter d'autres femmes pour qu'elles prennent soin de son bébé, parler de ce sujet lui est facile et révèle sa profonde ignorance des besoins des enfants.
   En pleine offensive contre la classe ouvrière, en particulier contre les femmes travailleuses, le film sur Margaret Thatcher, la « Dame de fer », est présenté comme un excellent exemple de vie, comme si l'une des plus grandes promotrices de l'exploitation et de l'inégalité dans le monde pouvait représenter une victoire de l'émancipation des femmes.
   Qui plus est, Dilma Roussef, en qui la classe ouvrière et les femmes ont beaucoup d'espoir, prend soin de ne pas s'opposer à la campagne réactionnaire contre la dépénalisation de l'avortement afin de s'assurer des alliances avec la classe dominante et l'Eglise. Mais en ce faisant, elle met en péril l'aide, déjà très réduite, sur laquelle peuvent compter les femmes dans ces situations.
   Pour toutes ces raisons, la LIT-QI affirme clairement : ces femmes ne nous représentent pas !

Travailleuses et travailleurs unis contre les gouvernements capitalistes et l'oppression !
   L'égalité n'est pas possible sous le capitalisme, puisque ce système est champion de l'inégalité.
   Dans ce système, les femmes doivent se battre quotidiennement pour les moindres droits, pour les conquérir et les défendre. Mais toute conquête, même la plus minime, sera toujours menacée parce que la raison d'être du capitalisme est le profit et l'exploitation au bénéfice des banques et des capitalistes. Et ces derniers utiliseront constamment la discrimination comme une arme pour exploiter encore davantage.
   De cette manière, plus de la moitié de la population mondiale, les femmes, est maintenue sous l'oppression. Celle-ci frappe en outre davantage les femmes qui appartiennent à d'autres secteurs opprimés par le capitalisme : les femmes jeunes, noires, immigrées ou lesbiennes.
   Dans l'actuelle crise économique mondiale, cet aspect pervers s'aggrave encore et les attaques deviennent plus brutales, mettant en péril tous les acquis durement gagnés. Dans cette lutte, les femmes bourgeoises se rangent en général du côté de leur classe, en défendant les plans d'ajustement.
   Les femmes bourgeoises peuvent se joindre à certains combats, comme lors de la défense de la légalisation de l'avortement, mais elles seront toujours limitées dans leur action, en particulier dans les circonstances actuelles où il s'agit d'affronter durement les gouvernements capitalistes et leurs plans d'exploitation.
   Mais la conquête de l'émancipation peut seulement avoir lieu sous un autre système, un système sans exploitation, qui n'est possible qu'en faisant la révolution socialiste. Et cette lutte unit les femmes et les hommes de la classe ouvrière.

Les hommes travailleurs doivent se joindre à notre lutte contre l'oppression, car la révolution socialiste est impossible sans la participation des femmes.
   L'ensemble de la classe ouvrière, y compris les hommes donc, doit assumer la cause de l'émancipation et de la libération des femmes et les luttes pour nos droits.
   Les hommes travailleurs qui prônent ou pratiquent le machisme font le jeu, consciemment ou non, du système, des patrons et des gouvernements.
   La lutte contre l'oppression et l'inégalité doit avoir une voix dans la lutte de la classe ouvrière, pour la rendre plus forte, maintenant surtout dans la lutte globale pour que les hommes et les femmes de notre classe ne payent pas la crise.
   De même parce que nous devons nous battre non seulement pour un monde sans exploitation, mais aussi sans oppression.

Nous, les femmes, nous devons continuer à nous joindre à la lutte !
   Nous sommes toujours plus nombreuses, les femmes travailleuses, à nous joindre à la lutte pour la défense de nos droits, dansla lutte contre les coupes budgétaires et les « ajustements », dans la lutte contre le capitalisme et ses gouvernements, dans la lutte pour le socialisme. Il est du devoir des révolutionnaires, hommes et femmes, d'encourager une participation accrue des femmes dans leurs organisations et de les incorporer dans la lutte. C'est stratégique, car sans la participation effective des femmes (la moitié de la main-d'œuvre dans le monde), il n'y a pas de possibilité de maintenir les conquêtes ou d'en obtenir de nouvelles, moins encore d'arriver au socialisme.
   La LIT-QI lance donc un appel, en ce 8 mars, à toutes les femmes travailleuses à s'organiser, à mener le combat et, dans ce processus, à construire avec nous des partis révolutionnaires, sections d'une Internationale.

Que les capitalistes payent la crise !
En défense des droits des femmes : à bas les plans d'ajustement !
Pour la défense des services publics !
Contre le chômage : réduction des heures de travail sans perte de salaire !
A travail égal, salaire égal !
Fin de toute violence envers les femmes !
Châtiment exemplaire pour les assassins, les agresseurs et les violeurs de femmes !
Dépénalisation et légalisation de l'avortement : la contraception pour éviter l'avortement, l'avortement légal, gratuit et en toute sécurité pour éviter la mort.

Secrétariat international de la femme
Ligue internationale des travailleurs
Mars 2012


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