ven Mar 29, 2024
vendredi, mars 29, 2024

Donnons une reponse de lutte a la «crise alimentaire»

Plusieurs rebellions contre la hausse du prix des aliments ont eclate dans de nombreux pays. Ces pays font partie du groupe des nations les plus pauvres de la planete et c'est dans ces dernieres que les masses les plus appauvries se sont soulevees. Il s'agit d'une veritable « rebellion des affames du monde ». La LIT-QI lance un appel a toutes les organisations ouvrieres, populaires et syndicales pour organiser et promouvoir cette lutte contre la faim des travailleurs et des peuples.

Declaration de la LIT-QI en ce Premier mai

 

Le capitalisme en decadence nous mene a la faim et a la misere

 

Chaque Premier mai, nous, les travailleurs, nous rappelons les « martyrs de Chicago », les batailles pour la journee de travail de 8 heures, et nous rendons hommage a tous ceux qui sont tombes dans les luttes ouvrieres et populaires contre l'exploitation et l'oppression capitaliste. Il est d'usage aussi, de revendiquer la necessite de la revolution socialiste comme la voie pour depasser les fleaux du capitalisme, et, finalement, de lancer un appel pour promouvoir et soutenir les luttes qui, pour diverses revendications, se developpent dans le monde. Cette signification profonde du Premier mai est aujourd'hui plus actuelle que jamais.

 

Depuis quelques semaines, plusieurs rebellions et soulevements contre la hausse du prix des aliments ont eclate dans de nombreux pays du monde. Cette hausse etait deja latente mais elle a connu un saut les dernieres semaines, la situation devenant insupportable pour les masses les plus appauvries. Robert Zoellick, le directeur de la Banque Mondiale, a defini la situation comme « une des crises alimentaires les plus graves de l'histoire de notre planete », qui a son origine dans une augmentation generale des prix des aliments de 48%, la derniere annee, mais avec des hausses plus importantes pour certains produits comme le riz (75%).[1]

 

Des organismes des Nations Unies, ainsi que la presse, ont signale des faits de ce type au Burkina Faso, en Cote d'Ivoire, Egypte, Guinee, Guinee Bissau, Haiti, Indonesie, Maroc, Mauritanie, Mozambique et Senegal. La Banque Mondiale a tire la sonnette d'alarme : « 33 pays feront face a des conflits sociaux potentiels a cause de la hausse immense du prix des aliments ».[2]

 

Ces pays font partie du groupe des nations les plus pauvres de la planete et c'est dans ces dernieres que les masses les plus appauvries se sont soulevees. Il s'agit d'une veritable « rebellion des affames du monde ». Selon des donnees d'organismes specialises de l'ONU, environ 800 millions de personnes dans le monde ne mangent pas a leur faim et absorbent moins que le minimum necessaire pour un etre humain. Pour eux, cette hausse des prix ne signifie pas seulement manger un peu moins ou manger une nourriture de moindre qualite, mais etre condamnes a mourir d'inanition. C'est-a-dire que le systeme capitaliste imperialiste commet un veritable genocide en ce 21eme siecle. Cette « revolte des affames » represente donc reellement une bataille de vie ou de mort.

 

Parmi ces soulevements arrivent au premier plan, celui de peuple haitien, qui fait face aussi a l'occupation militaire du pays par les « casques bleus » de l'ONU, et celui de l'Egypte, dirige par des milliers de travailleurs du textile de la ville de Al Mahalla. Au Senegal et au Burkina Faso aussi, la classe ouvriere a ete au centre des rebellions. Ces pays nous montrent la voie et nous montrent la necessite urgente que la classe ouvriere du monde entier s'engage dans une reponse ferme de lutte contre le capitalisme, pour sa propre survie physique.

 

La « crise alimentaire », bien qu'elle affecte essentiellement les pays les plus pauvres, se manifeste dans le monde entier. Au Venezuela, riche en petrole mais dependant de l'importation de nourriture, la penurie et le desapprovisionnement erodent de plus en plus les salaires des travailleurs. Le Mexique, autrefois producteur agricole traditionnel,  a perdu sa « souverainete alimentaire » et est devenu importateur, apres des annees dans l'Association Nord-americaine de Libre Echange (NAFTA). Actuellement, la populaire « tortilla de mais » y est devenu un article de luxe.

 

Au Bresil, grand producteur et exportateur agricole, le prix du principal composant de l'alimentation populaire, le « arroz y feijao » (le riz et les haricots), a grimpe de 207% en une annee et de 21%, seulement au cours du dernier mois. Meme en Argentine, historiquement la « grange du monde », dont la production est suffisante pour nourrir un nombre de personnes de dix fois sa population, les travailleurs et le peuple souffrent de desapprovisionnement et d'augmentation constante des produits de base. Les pays imperialistes n'echappent pas non plus a la hausse : en Italie et en France, il y a eu la hausse des prix des pates et du beurre ; les Etats-Unis ont ete affectes avec une augmentation moyenne de 4%, en 2007, le plus grand indice depuis 1990.[3]

 

L'augmentation des prix n'est pas due a la penurie ou a une chute dans la production. Au contraire, les avances technologiques et la surexploitation de la terre font que la production de cultures et de matieres premieres alimentaires croisse de plus en plus, a un rythme superieur a celui de la population mondiale. En meme temps, de plus en plus des gens ne peuvent pas les acheter. C'est ce qu'a reconnu Josette Sheeran, directrice executive du Plan Alimentaire Mondial de l'ONU : « Nous sommes confrontes a une nouvelle face de la faim : bien qu'il y ait des aliments dans les magasins, de plus en plus des personnes ne peuvent pas se les permettre ».[4]

 

Les specialistes prevoient que cette crise n'aura pas de solution rapide et qu'elle peut s'etendre sur plusieurs annees, une perspective terrible pour les centaines de millions d'affames du monde et une menace de plus en plus dure pour toutes les masses travailleuses et pauvres.

 

Pourquoi le prix des aliments monte, alors que leur production croit ? La reponse a cette question montre avec une clarte totale le caractere absolument inhumain et irrationnel du systeme capitaliste imperialiste dans sa decadence : une concentration de plus en plus grande des marches, qui fait que quelques entreprises controlent tout le commerce mondial d'aliments, en pensant seulement a l'augmentation de leurs profits ; l'agribusiness qui se concentre sur quelques produits de prix international eleve sans se soucier des necessites alimentaires de la population mondiale ; des millions de paysans expulses de leurs terres ; des matieres premieres alimentaires qui sont destinees a la production de combustibles ; le marche d'aliments transforme un « casino » par des capitaux speculatifs et parasitaires…

 

La crise economique aggrave tout

 

La LIT-QI affirme que la hausse des prix et la « crise alimentaire » sont, d'une part, le resultat des tendances structurelles les plus profondes du systeme capitaliste. D'autre part, cette racine structurelle est aggravee a l'extreme par la crise economique mondiale qui s'approche.

 

Les gouvernements des pays imperialistes ont deja depense plus de 600 milliards de dollars pour essayer de freiner ou d'attenuer la crise financiere mondiale ouverte avec la fin de la « bulle speculative » sur le marche immobilier des Etats-Unis et d'autres pays. Ils sont prets a tout faire pour sauver les banques et les compagnies atteintes par cette speculation, mais non pour resoudre la question de la faim dans le monde. Au contraire, l'augmentation des prix des aliments est une des manieres par lesquelles les bourgeoisies essayent que nous, les travailleurs, payons le cout de cette crise economique.

 

En meme temps, le marche mondial d'aliments se ressemble de plus en plus a un « casino », avec le systeme des « contrats a terme », un casino rejoint maintenant par de nouveaux « joueurs » : une partie des capitaux qui speculaient sur le marche immobilier se sont tourne maintenant vers les commodities, les matieres premieres, specialement le petrole, les mineraux et les grains, creant une « bulle speculative », augmentant ainsi artificiellement leur demande et, de cette facon, leur prix.

 

En outre, les grandes compagnies petrolieres, ainsi que les speculateurs, profitent de l'instabilite au Moyen-Orient, resultat de l'echec de la politique du gouvernement de Bush dans la zone, pour elever le prix du baril au-dela de 100 dollars, ce qui influence d'une facon directe et indirecte le prix des aliments. Comme dit le proverbe, pour les travailleurs et les masses, jamaisdeux sans trois.

 

Le capitalisme ne peut pas resoudre le probleme de la faim dans le monde

 

Face a ces « rebellions de la faim », la premiere reponse du capitalisme a ete la repression feroce exercee par les gouvernements des pays ou elles ont eu lieu. Il est vrai qu'en meme temps, les organismes internationaux, comme le FMI et la Banque Mondiale, et meme les gouvernements imperialistes, ont manifeste leur « preoccupation profonde » et la necessite de considerer et d'adopter des mesures.

 

Ce sont des «larmes de crocodile », de la part de ceux qui defendent les interets des entreprises qui beneficient de cette crise, ou de la part d'organismes qui ont impose aux pays domines les politiques economiques qui ont cree les conditions de l'eclatement de cette crise. Ils expriment aussi leur peur que cette « rebellion des affames » ne s'etende et menace d'agiter le monde jusque dans ses fondations.

 

Dans le meilleur des cas, ses propositions se limitent a augmenter l'« aide humanitaire » aux pays touches, une reponse qui, depuis plusieurs decennies, a montre son incapacite totale pour resoudre le probleme de la faim dans le monde, parce qu'elle ne modifie pas les causes profondes qui la produisent, et ne se propose pas de le faire. L'impuissance totale des actions et des declarations d'organismes comme la FAO (l'organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation) s'avere completement pathetique.

 

Au 19eme siecle, Karl Marx a affirme que le fonctionnement du systeme capitaliste menait inevitablement « a la misere croissante » de masses de plus en plus nombreuses. Aujourd'hui, cette affirmation se presente a nous dans sa pire perspective : la faim croissante qui affecte des centaines de millions d'habitants de la planete.

 

Dans les annees 90, apres la chute de l'URSS et la restauration capitaliste dans les anciens Etats ouvriers, le capitalisme s'est declare historiquement « triomphant », comme le seul chemin pour ameliorer le niveau de vie de l'humanite. A peine quelques annees apres ce « triomphe », la « crise alimentaire » et les « rebellions de la faim » nous montrent les extremes de la degradation a laquelle nous mene le capitalisme imperialiste, un systeme qui n'est meme pas capable de garantir le plus elementaire des droits de l'Homme (la nourriture pour tous les habitants de la planete) et qui condamne des centaines de millions a mourir de faim.

 

Tant que la production et la commercialisation d'aliments seront controlees par les grands groupes internationaux et les grands speculateurs, il ne sera pas possible de changer cette situation. L'alternative est claire : soit la voracite de profits de ces groupes, soit les besoins et la vie de centaines de millions de personnes. Face a cette alternative, la LIT-QI se met du cote des pauvres et des miserables du monde, contre les « proprietaires des aliments ».

 

Seul un systeme d'economie centrale planifiee, qui utilise rationnellement les ressources existantes et s'organise au service de la satisfaction des necessites de base des travailleurs et des peuples du monde, pourra definitivement mettre un terme a la faim dans le monde. Pour cela, il est necessaire d'exproprier toutes les grandes entreprises qui dominent l'economie mondiale. C'est pourquoi, nous reaffirmons notre conviction de la necessite incontournable et urgente de la revolution socialiste internationale qui met fin au systeme capitaliste imperialiste.

 

Alors que nous combattons pour cette perspective, nous sommes conscients que les affames du monde ont besoin de reponses immediates pour remedier a leur situation desesperee, tout comme ces travailleurs qui voient la faim et la misere comme une menace de plus en plus proche ont besoin de reponses immediates. Face a cette realite, la classe ouvriere et les masses du monde ne peuvent pas attendre passivement. Ils doivent combattre pour leur survie physique. Il est indispensable que la classe ouvriere se mette a la tete de toutes les masses appauvries pour diriger cette lutte.

 

C'est pourquoi, en ce Premier mai, la LIT-QI lance un appel a toutes les organisations ouvrieres, populaires, syndicales et sociales pour organiser et promouvoir cette lutte contre la faim des travailleurs et des peuples. La LIT-QI s'engage a mettre toutes ses forces au service de cette tache et, en ce sens, propose le programme d'action suivant. Il s'agit evidemment d'un programme general qui devra adopter des formulations plus concretes et specifiques par rapport a la realite de chaque pays.

 

  • Controle des prix par les organisations ouvrieres et populaires.
  • Pour une echelle mobile de salaires, selon l'augmentation du prix des aliments.
  • Par un salaire minimal qui couvre toutes les besoins de base d'une famille (aliments, sante, education et logement).
  • Controle ouvrier des grandes entreprises d'aliments. Exigence d'ouverture de leurs livres de comptes aux travailleurs.
  • Pas de profits avec la faim des peuples ! Expropriation sans paiement des grands monopoles agricoles et industriels d'aliments.
  • L'alimentation est un droit social, tout comme la sante et l'education. Exigeons que l'Etat et les gouvernements le garantissent pour toute la population.
  • Pour des plans economiques d'urgence destines a satisfaire les besoins de base de la population, specialement l'alimentation.
  • Pour des gouvernements ouvriers et populaires qui appliquent ces mesures.

 

San Pablo, le 22 avril 2008

Secretariat International

Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrieme Internationale




[1]              Clarin (Argentine) du 11.04.2008.

[2]              Cite dans l'article Crisis de alimentos alarma al mundo, El Universal du 13.04.2008.

[3]              Ibidem.

[4]              Revueltas de hambrientos.

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