ven Mar 29, 2024
vendredi, mars 29, 2024

A 90 ans de la Revolution d’Octobre

Dans la nuit du 7, il y a 90 ans, a eu lieu la Revolution Russe. La LIT-QI veut rendre hommage a cette tache gigantesque qu'ont entreprise les travailleurs russes. Nous ne le faisons pas comme quelqu'un qui visite un musee, mais parce que nous considerons que les lecons de la Revolution d'Octobre sont aujourd'hui plus que jamais d'actualite : la lutte pour le pouvoir ouvrier afin d'entamer la construction du socialisme, a travers un grand processus de transformations, est possible.

La lutte pour la revolution socialiste internationale est toujours a l'ordre du jour

 

Dans la nuit du 7 au 8 novembre, il y a 90 ans, a eu lieu la Revolution Russe, un des faits politiques les plus importants du 20eme siecle. Le calendrier julien, en vigueur alors en Russie, a fait que cet evenement soit enregistre comme la Revolution d'Octobre ou, simplement, Octobre.

 

En 1917, pour la premiere fois dans l'histoire, les travailleurs d'un pays ont detruit un Etat bourgeois, ont pris le pouvoir et sont parvenus a s'y maintenir pour entamer la construction d'un type d'Etat inconnu jusqu'alors, l'Union des Republiques Socialistes Sovietiques (URSS) et pour ouvrir le chemin vers le socialisme.

 

Les conquetes obtenues par les travailleurs en URSS ont ete impressionnantes : ils ont elimine les fleaux chroniques du capitalisme, comme le chomage et la pauvrete extreme, et ils ont atteint des niveaux tres hauts d'education et de sante publiques. Les premieres annees ont connu aussi de grandes avancees dans la condition de la femme et un developpement extraordinaire de l'art, libere du mercantilisme bourgeois.

 

Comme un temoignage de ces avancees, un groupe de pedagogues occidentaux a realise dans les annees 60 une etude comparative du niveau educatif des etudiants americains et sovietiques. Les jeunes de l'URSS ont obtenu des resultats qualitativement superieurs en langue, histoire et geographie, et leur niveau etait comparable en mathematique.

 

Il n'existe pas de precedents d'avancees aussi importantes dans tous ces domaines,  meme dans les periodes du plus grand developpement capitaliste. Il s'agit de faits historiques impossibles de dissimuler, a des moments ou le capitalisme nous montre ses pires effets destructifs.

 

L'impact de la Revolution d'Octobre dans l'histoire moderne a ete tellement grand qu'aujourd'hui, a l'occasion de son 90eme anniversaire, bien que l'URSS a ete detruite par la bureaucratie staliniste qui a restaure le capitalisme, la presse bourgeoise et imperialiste elle-meme est obligee de consacrer un grand espace a cet evenement.

 

La LIT-QI veut rendre hommage a cette tache gigantesque qu'ont entreprise les travailleurs russes. Nous ne le faisons pas comme quelqu'un qui visite un musee et se trouve sous le coup de l'emotion face a une representation du passe, mais parce que nous considerons que les lecons de la Revolution d'Octobre sont aujourd'hui plus que jamais d'actualite. En particulier, la lutte pour le pouvoir ouvrier afin d'entamer la construction du socialisme, a travers un grand processus de transformations politiques, economiques et sociales, est possible.

 

Les lecons d'Octobre

 

En depit des changements qui, evidemment, ont eu lieu dans le monde, les principaux enseignements de cette experience continuent a etre totalement valables, et essentielles pour l'etude et la discussion de toute l'avant-garde en lutte dans le monde.

a)      Le capitalisme imperialiste n'offre a l'humanite qu'une croissance de plus en plus grande de la pauvrete, la misere, la faim, les guerres et la destruction de la nature. Rappelons qu'en 1917 se deroulait le massacre terrible qu'a signifie la Premiere Guerre mondiale. Depuis lors, cette realite n'a fait que s'aggraver, malgre toutes les avancees de la technique.

 

b)      Le seul chemin pour modifier cet etat de choses est une revolution ouvriere et socialiste qui change radicalement le systeme capitaliste imperialiste. Il n'y a aucune possibilite de le « reformer » ou de l'« humaniser ».

 

c)      Pour entamer ce processus de revolution ouvriere et socialiste il est necessaire de prendre le pouvoir dans chaque pays et de detruire l'Etat bourgeois, a commencer par son armee, le pilier central de cet Etat et de ce pouvoir.

 

d)      Apres la prise du pouvoir, il est necessaire d'exproprier la bourgeoisie, en transferant au nouvel Etat ouvrier le controle des principaux instruments de l'economie, d'etablir le monopole etatique du commerce exterieur et d'appliquer un plan economique central au service des necessites des travailleurs et du peuple. Voila la base qui a permis les avancees economiques et sociales immenses de l'URSS

 

e)      Il est necessaire de construire un Etat de type nouveau, totalement different du vieil Etat bourgeois, tant dans sa base sociale comme dans son fonctionnement. Ce nouvel Etat ouvrier doit etre fonde sur des institutions des travailleurs et du peuple qui permettent de repondre democratiquement aux grands problemes qui se presentent et de garantir, a la fois, l'execution des mesures adoptees. Les soviets russes etaient des « conseils » constitues de representants (ou « deputes ») choisis directement par les travailleurs d'une usine et les paysans pauvres d'une region. Ces representants devaient rendre compte de leur activite devant leur base. S'ils ne mettaient pasen pratique le mandat decide, ils pouvaient etre remplaces par ces memes bases.

 

f)        La democratie ouvriere, et les institutions qui en sont l'expression, sont des piliers indispensables dans la construction d'un processus veritablement socialiste. Le socialisme peut advenir uniquement suite a la mobilisation et l'organisation autonomes de la classe ouvriere. Toute tentative pour que ce processus soit dirige de facon bureaucratique par des « secretaires generaux brillants » ou par « des commandants infaillibles » est vouee a la degenerescence et a l'echec.

 

g)      En URSS, il n'y a que les conditions terribles de la guerre civile (1918-1921), propulsee par la bourgeoisie et soutenue par l'intervention de 14 armees etrangeres, qui ont amene la direction de Lenine et Trotsky a restreindre cette democratie ouvriere. Ils consideraient que c'etait une situation d'exception qui devait rapidement etre corrigee des que les conditions le permettaient. Ensuite, la bureaucratie staliniste transformera cette exception en regle et transformera les soviets et les organismes du parti en une caricature horrible de ce qu'ils avaient ete.

 

h)      Pour diriger de facon consciente les differentes etapes du processus, la construction d'un parti revolutionnaire centralise democratiquement, selon le modele propose par Lenine depuis 1903, est necessaire. Cette combinaison contradictoire (le centralisme et la democratie interne) est la seule qui permet de faconner l'outil que les differentes taches de la revolution exigent. Il doit etre centralise et etre discipline dans l'action parce qu'il a besoin d'agir avec une unite tres solide pour faire face aux defis les plus difficiles de la lutte de classes (la prise du pouvoir, l'expropriation de la bourgeoisie, les guerres civiles, etc.). En meme temps, il doit avoir la plus large democratie interne pour elaborer les meilleures analyses de la realite et les meilleures reponses a ces defis difficiles. En ce sens, les debats dans les congres et les organismes du parti bolchevique etaient d'une richesse et d'une intensite extraordinaires : aucune des grandes decisions n'etait prise a l'unanimite. Sur ce point aussi, le stalinisme a transforme par la suite ce parti dans une caricature sinistre.

 

i)        Lenine et Trotsky, tout comme Marx, consideraient que le systeme socialiste devait partir, au moins, d'un niveau de developpement economique comparable a celui du capitalisme le plus developpe. Puisque la Russie etait un pays capitaliste arriere, ils ont soutenu que l'URSS n'entamerait pas directement la construction du socialisme mais une periode de transition dont la duree dependrait de la revolution socialiste internationale.

 

j)        La revolution socialiste commence avec la prise du pouvoir dans un pays mais ne peut triompher qu'en s'etendant aux autres pays du monde, particulierement aux principales puissances imperialistes. Tout triomphe national sera provisoire aussi longtemps que l'imperialisme au niveau mondial n'est pas mis en echec. Lenine et Trotsky ont toujours considere que l'URSS ne pourrait survivre que si la revolution s'etendait a l'Europe occidentale, specialement a l'Allemagne, le pays le plus developpe du continent, a cause du retard economique herite. Pour eux, Octobre devait etre le detonateur de la revolution europeenne et mondiale. C'est a cet objectif qu'ils ont consacre leurs plus grands efforts. Meme au milieu de la guerre civile, en 1919, ils ont fonde la IIIeme Internationale (l'Internationale Communiste) pour construire une direction revolutionnaire mondiale a influence de masse.

 

k)      Contre cette conception internationaliste, le stalinisme a elabore, a partir de 1923, la theorie de la possibilite de construire le socialisme dans un seul pays, pour justifier la defense des interets et des privileges de la caste bureaucratique dirigeante. Cette theorie est devenue par la suite la justification ideologique des pires trahisons du stalinisme contre la revolution mondiale.

 

La bureaucratisation de l'URSS

 

En meme temps que nous valorisons et revendiquons ces enseignements, il est necessaire d'expliquer aux nouvelles comme aux vieilles generations de combattants revolutionnaires, pourquoi s'est produite la bureaucratisation staliniste et, par la suite, la restauration capitaliste qui a mene a la disparition de l'URSS.

 

Le retard economique de la Russie rendait deja irrealisable la proposition de la construction du socialisme dans un seul pays. En plus, cette realite etait aggravee par la deterioration enduree par la Russie pendant la Premiere Guerre mondiale et par les consequences destructives de la guerre civile dans laquelle, en outre, un million de jeunes ouvriers, la meilleure avant-garde de la revolution, avaient trouve la mort.

 

Dans ces conditions, il n'y a que l'extension de la revolution qui pouvait la sauver. Mais la premiere vague revolutionnaire europeenne a ete mise en echec. La republique des soviets de

la Hongrie a survecu a peine quelques mois. La revolution allemande de 1918-1919 n'a pas pu prendre le pouvoir, malgre l'heroisme des « spartakistes », et leurs dirigeants, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, ont ete assassines. La vague de greves et d'occupations d'usines en Italie (1921) a aussi ete mise en echec et, en 1924, le processus a abouti au triomphe du fasciste Mussolini. L'absence de partis revolutionnaires solides et eprouves se faisait payer.

 

L'URSS avait survecu, mais elle etait epuisee. En meme temps, la revolution europeenne etait mise en echec et laissait l'URSS completement isolee. Cette combinaison difficile est l'explication principale de la bureaucratisation du jeune Etat sovietique et du parti bolchevique.

 

En meme temps qu'une grande partie des meilleurs ouvriers revolutionnaires avait trouve la mort dans la guerre civile, une couche de plus en plus grande de fonctionnaires arrivistes et opportunistes a commence a apparaitre, dont beaucoup etaient des anciens tsaristes recycles, ainsi qu'un secteur de commercants intermediaires qui tiraient profit des problemes economiques. Staline s'est appuye sur ces couches sociales, comme leur representant. Depuis cette position, il a accentue a l'extreme le processus de bureaucratisation. Il a lance alors la proposition du « socialisme dans un seul pays » comme une facon d'assurer les privileges que ces secteurs obtenaient. Un autre secteur du parti, dirige par Trotsky, a commence son combat contre la bureaucratisation du parti et de l'Etat et pour la defense du programme bolchevique.

 

La bureaucratisation, et le stalinisme qui en est l'expression politique, sont nes, dans une grande mesure, de la defaite de la revolution en Europe. Ensuite, les politiques du stalinisme face a de nouveaux processus revolutionnaires ont ete a l'origine d'autres defaites dures : la nouvelle revolution allemande de 1923, le processus chinois de 1925-1927, la greve generale anglaise de 1925 et, finalement, sa politique desastreuse face au surgissement du nazisme. Chacune de ces defaites fortifiait et consolidait la caste dirigeante en URSS.

 

Ils se trompent, ceux qui affirment que la bureaucratisation et le stalinisme sont « des descendants legitimes » de Lenine et du parti bolchevique, et qu'ils etaient deja latents dans leurs conceptions. Le stalinisme est le resultat de processus economiques, politiques et sociaux profonds, defavorables pour les travailleurs. D'autre part, pour dominer totalement le parti bolchevique et l'appareil de l'Etat, le stalinisme a du mettre en oeuvre un processus contre-revolutionnaire sanglant avec l'assassinat ou l'emprisonnement de milliers de dirigeants, de cadres et de militants. Les tristement celebres « proces de Moscou », entre 1936 et 1939, ont ete le comble. Des dirigeants historiques du parti, comme Kamenev, Zinoviev et Bjaribn y ont ete fusilles. Par la suite, Trotsky a ete assassine en 1940. Le stalinisme, loin de naitre du sein du parti bolchevique, en a ete, au contraire, le destructeur.

 

Un autre des pires crimes stalinistes a ete de dire a des millions de travailleurs du monde entier que « l'URSS avait deja atteint le socialisme ». C'etait completement faux, non seulement du fait du niveau de developpement economique de l'URSS, important mais tres en arriere par rapport aux principales puissances imperialistes, mais fondamentalement a cause de l'existence d'un Etat bureaucratique et repressif qui empechait tout type de democratie pour les travailleurs et le peuple.

 

Cette identification du parti bolchevique avec le stalinisme s'est aggravee posterieurement, avec les interventions repressives de l'armee sovietique dans les pays de l'Europe de l'Est, comme l'invasion en Tchecoslovaquie, en 1968. De cette maniere, l'image du « socialisme reel » devenait une perspective tres peu attrayante pour des millions de travailleurs et de combattants du monde entier, facilitant ainsi le travail ideologique contre le socialisme, de la part de l'imperialisme et les bourgeoisies nationales.

 

La restauration capitaliste

 

Malgre les deformations bureaucratiques profondes, l'economie etatique planifiee a demontre tout son potentiel et l'URSS s'est transformee en une grande puissance economique mondiale. L'experience se repete par la suite dans d'autres pays, comme la Chine et Cuba, qui sont parties d'un degre tres bas de developpement et sont aussi parvenus a surmonter la faim et la pauvrete extreme.

 

Mais ces sauts socio-economiques ont eu lieu a l'interieur des frontieres nationales de pays arrieres, alors que l'imperialisme a continue a dominer l'economie mondiale dans son ensemble. C'est pourquoi, la bureaucratisation de ces Etats representait le germe de leur propre destruction.

 

C'est ce que Trotsky avait deja prevu. Dans La Revolution Trahie (1936), apres avoir constate et revendique les avancees economiques de l'URSS, il observe que son avenir presentait un « pronostic alternatif » : soit, il y avait une nouvelle revolution politique qui, en maintenant les bases socio-economiques de l'Etat ouvrier, reinstallerait la classe ouvriere au pouvoir et promouvrait la revolution mondiale, soit la bureaucratie terminerait, tot ou tard, de conduire a la restauration capitaliste.

 

De facon regrettable, cette prevision s'est verifiee des decennies plus tard. C'est la bureaucratie elle-meme, dirigee par Gorbachov, en URSS, par Deng Xiao Ping, en Chine, et par Fidel Castro, a Cuba, qui a restaure le capitalisme dans ces pays respectifs.

 

Pour la LIT-QI, la restauration capitaliste dans les anciens Etats ouvriers n'a pas signifie l'echec du projet de la revolution socialiste internationale, formule par Marx, mais l'echec de sa falsification : la theorie staliniste du socialisme dans un seul pays.

 

Triomphe du capitalisme ?

 

Les bourgeois et leurs apologistes soutiennent que la chute de l'URSS a signifie l'echec final de l'« utopie socialiste » et le triomphe du capitalisme, lequel aurait demontre etre un systeme socio-economique superieur.

 

Toutefois, un regard objectif sur le monde que nous offre ce « capitalisme triomphant » nous permettra de constater rapidement comment augmentent la pauvrete et la misere, meme dans les Etats-Unis, le pays le plus riche de la planete, avec ses sequelles de faim, de malnutrition infantile et de degradation de la vie humaine ; comment l'imperialisme fait appel de plus en plus aux invasions coloniales et aux guerresgenocides pour assurer sa domination, comme c'est le cas en Afghanistan, en Haiti ou en Iraq ; comment, en meme temps, sa voracite de profits menace la nature elle-meme et la vie sur la planete.

 

En Russie, et dans la majorite des anciens Etats ouvriers, la restauration capitaliste et la destruction des conquetes issues d'Octobre en matiere de sante, d'alimentation, de logement, ont donne lieu a une catastrophe sociale gigantesque. Cela se manifeste par une chute de 6 ou 7 ans de l'esperance de vie moyenne de la population russe depuis la disparition de l'URSS.

 

Si cette perspective est le meilleur que peut offrir le « capitalisme triomphant », si c'est cela le point maximal de developpement social que l'humanite peut atteindre, si nous ne sommes pas capables de depasser l'actuel etat de choses, alors, le futur de l'espece humaine sera completement tragique et sombre. Le triomphe definitif du capitalisme  signifierait, en realite, une defaite tragique. Aujourd'hui, plus que jamais, l'alternative formulee par Rosa Luxemburg est d'actualite : « Socialisme ou Barbarie ».

 

Une experience depassee ?

 

La chute de l'URSS et l'echec du « socialisme reel » ont aussi mene beaucoup de combattants qui partagent notre critique du capitalisme, a la conclusion que l'experience d'Octobre, bien qu'elle doive etre consideree comme heroique, n'est pas utile comme reference pour les processus actuels de lutte.

 

Certains affirment que les conditions dans lesquelles la Revolution Russe a eu lieu n'existent deja plus, parce que les changements survenus dans le monde durant ces 90 annees ont rendu ses enseignements obsoletes. D'autres affirment que cette experience a echoue parce qu'elle se basait sur des conceptions fausses de la societe et de l'Etat, telles que l'objectif errone d'imposer la dictature du proletariat, proposee par Marx, ou la necessite d'un parti centralise pour diriger le processus, formulee par Lenine. Ces conceptions et objectifs errones auraient contenu des le debut la semence de la bureaucratisation de l'Etat et du parti, et de l'echec inevitable du processus revolutionnaire.

 

De ce bilan, ces courants ont tire la conclusion qu'il est necessaire de proposer des « voies nouvelles » pour depasser le capitalisme. Par exemple, il ne faut pas prendre le pouvoir de l'Etat, parce qu'il corrompt, mais construire un « contre-pouvoir populaire » qui, a un certain moment, depassera le pouvoir de l'Etat. Ou que les institutions de la democratie bourgeoise sont ce qu'il y a de meilleur pour representer lestravailleurs et le peuple. Il s'agit, alors, « d'en disputer le contenu de classe » en vue de « radicaliser la democratie ».

 

Durant les annees qui ont suivi la chute de l'URSS, ces propositions ont eu la possibilite de tester leur validite dans des processus et des luttes revolutionnaires, specialement en Amerique latine. Aucune d'entre elles n'a ete capable d'aider l'avancee de ces processus. Leurs experiences de « transformation sociale » sont restees, dans le meilleur des cas, a une distance gigantesque de ce qui ete obtenues suite a la Revolution Russe.

 

D'autre part, beaucoup de promoteurs de la « radicalisation de la democratie » sont devenus presidents, ministres, parlementaires, etc., et sont aujourd'hui des defenseurs actifs du systeme capitaliste et de l'Etat bourgeois. Quant aux promoteurs de la construction du « contre-pouvoir », beaucoup d'entre eux ont du faire appel aux subventions de l'Etat et de fondations de pays imperialistes ou d'entreprises capitalistes, pour soutenir leurs organisations. Ils ont finalement aussi soutenu, par une voie differente, le systeme et l'Etat bourgeois, comme une espece d'ONG.

 

Le « Socialisme du 21eme siecle » de Hugo Chavez

 

Nous voulons mentionner aussi Hugo Chavez et sa proposition de « Nouveau Socialisme du 21eme Siecle ». Nous affirmons que c'est une illusion dangereuse, d'esperer que ce soient l'armee bourgeoise et un secteur de la bourgeoisie (la « bourgeoisie boliviarienne ») qui dirigent une transformation revolutionnaire socialiste au Venezuela.

 

Nous avons deja indique que le socialisme ne peut pas se construire autrement que comme un processus base sur la mobilisation et l'organisation autonome des travailleurs et du peuple, pour construire un nouveau systeme politico-economico-social au service de leurs besoins. Ce processus, pour se developper, doit combattre non seulement contre l'imperialisme mais aussi contre les bourgeoisies nationales elles-memes, associees a l'imperialisme ou subordonnees a lui. L'histoire nous a deja montre plusieurs exemples de ce faux « socialisme bourgeois », comme le peronisme argentin ou le nasserisme egyptien, que se sont limitees a faire quelques rares reformes mais qui n'ont pas transforme les bases economiques capitalistes de leurs pays ni la racine de classe de l'Etat. D'ailleurs ils ne se proposaient pas et ne pouvaient pas le realiser.

 

En meme temps, le maintien des conditions de vie desastreuses des travailleurs venezueliens, malgre les revenus importants pour les exportations petrolieres, d'une part, et la repression des veritables luttes des travailleurs (comme cela a ete le cas avec Sanitarios Maracay, les petroliers et les fonctionnaires), d'autre part, vont faire tomber peua peu le masque de ce soi-disant « Socialisme du 21eme Siecle ».

 

L'experience de la IIIeme Internationale

 

Apres Octobre, la construction d'une nouvelle organisation revolutionnaire internationale a influence de masse, la IIIeme Internationale, a ete une des principales taches assumees par la direction de Lenine et Trotsky.

 

Des millions de travailleurs et de combattants du monde entier, pleins d'enthousiasme pour le triomphe de la Revolution Russe et les perspectives qu'elle ouvrait, ont repondu a l'appel. Beaucoup parmi eux abandonnaient les partis social-democrates putrefies. D'autres etaient des jeunes qui avaient entame recemment leur lutte.

 

Ainsi sont nes des partis communistes dans beaucoup de pays du monde. Il fallait instruire et former cette immense avant-garde revolutionnaire pour qu'elle puisse intervenir et apporter des reponses aux processus nationaux. D'une part, les documents et les resolutions approuves dans les quatre premiers congres de l'Internationale (1919-1922) ont ete consideres comme une « veritable ecole de strategie revolutionnaire ». D'autre part, les conditions et les criteres de fonctionnement ont ete etablis pour que ces partis soient acceptes comme sections de la IIIeme Internationale.

 

Il s'agit de la plus grande tentative de l'histoire de construire une organisation revolutionnaire internationale a influence de masses. Malheureusement, le temps a manque et les revolutions avaient lieu plus rapidement que ne le permettait le temps necessaire pour forger pleinement ces outils revolutionnaires nationaux. C'est une experience dont nous devons tirer toutes les conclusions et enseignements.

 

Par la suite, la IIIeme Internationale a aussi ete victime de la bureaucratisation staliniste, au point de devenir pas beaucoup plus qu'une agence de la politique exterieure de la bureaucratie sovietique. Finalement, elle a ete dissoute en 1943, par ordre explicite du politicien imperialiste britannique Winston Churchill a Staline.

 

La necessite de reconstruire la IVeme Internationale

 

A partir de 1933, face a la politique staliniste desastreuse en Allemagne, qui a aide au triomphe du nazisme, Trotsky a considere que «la IIIeme Internationale etait morte comme organisation revolutionnaire» et il a appele a la construction d'une nouvelle organisation. C'est devenu une realite en 1938, avec la fondation de la IVeme Internationale.

 

La IVeme Internationale a ete construite comme une continuite de la IIIeme, en defense du programme marxiste-leniniste, de la tradition d'Octobre et de la conception de partis revolutionnaires, face a la destruction faite par le stalinisme. Elle a aussi incorpore dans son programme la necessite d'une revolution politique en URSS pour renverser la bureaucratie et pour que la classe ouvriere reprenne directement le pouvoir.

 

Toutefois, contrairement a la IIIeme Internationale, la IVeme n'est pas nee comme une organisation a influence de masse. Les conditions difficiles du moment l'ont limitee a regrouper quelques milliers de militants partout dans le monde pour cette tache initialement de defense. En meme temps, il s'agissait aussi d'eduquer les cadres qui se postuleraient pour diriger la prochaine vague revolutionnaire, inevitable apres la nouvelle guerre mondiale qui s'approchait.

 

La IVeme Internationale n'a pas pu accomplir ce deuxieme objectif. La majorite de la direction qui est restee apres l'assassinat de Trotsky a commence a abandonner les enseignements de Lenine et de Trotsky et a capituler devant le stalinisme, qui retrouvait une nouvelle vie apres la defaite du nazisme et le surgissement de nouveaux Etats ouvriers dans le monde. Les reponses erronees que la IVeme Internationale a apportees a ces processus politiques revolutionnaires ont mene a sa crise et a sa division en plusieurs courants en 1953. Depuis lors, la tache essentielle de sa reconstruction, comme un embryon du parti revolutionnaire mondial, a ete a l'ordre du jour.

 

Au cours de ces decennies, le trotskysme s'est beaucoup developpe a travers ses differents courants. Actuellement, des dizaines de milliers de militants, partout dans le monde, se revendiquant du trotskysme ou y ayant leur origine, interviennent dans les processus de leurs pays. En meme temps, des propositions du trotskysme, comme la realisation d'une rencontre syndicale latino-americaine, formulee par Trotsky en 1938 au Mexique, commencent a etre prises en compte et a etre concretisees par des organisations du continent, comme la COB de Bolivie, Conlutas du Bresil, Batay Ouvriye de Haiti et la Tendance Classiste et Combative de l'Uruguay.

 

Il faut mentionner ici l'impact que la chute de l'appareil staliniste de l'URSS a eu sur la gauche, et sur les forces trotskystes en particulier. Pour la LIT-QI, ce fait, bien qu'il ait provoque une grande confusion dans la conscience de millions travailleurs et de militants, a libere d'immenses forces pour les processus de la revolution mondiale. Ceci, parce que le principal obstacle de « ce cote », auquel les travailleurs se sont heurtes dans le combat pour le triomphe de leurs luttes revolutionnaires pendant une grande partie du 20eme siecle a ete detruit. C'est pourquoi, nous considerons que les conditions pour reconstruire la IVeme Internationale, et avancer vers une direction revolutionnaire internationale a influence de masse, sont aujourd'hui bien meilleures qu'avant la chute de l'appareil staliniste central.

 

Au contraire, une partie importante des courants trotskystes ont tire la conclusion opposee, que la possibilite de la revolution s'eloignait. Ils ont ainsi graduellement abandonne, dans ce que nous avons appele un « deluge opportuniste », la tache de reconstruire la IVeme Internationale et la defense de son programme revolutionnaire, que ce soit de maniere explicite ou a travers le contenu reel de leurs politiques.

 

Pour la LIT-QI, les luttes revolutionnaires qui parcourent aujourd'hui le monde mettent a nouveau a l'ordre du jour la perspective et la necessite de la revolution socialiste. Les processus que nous vivons en Amerique latine (Equateur, Argentine, Bolivie et Venezuela) et le bourbier dans lequel s'enfonce l'imperialisme au Moyen-Orient (confronte aux resistances de plus en plus fortes des peuples irakien, afghan, libanais, etc.) sont des exemples du fait que la lutte de classes dans le monde, loin d'avoir pris fin (comme revassait Francis Fukuyama il y a quelques annees), est de plus en plus presente.

 

Mais ces luttes heroiques, sans la perspective de la revolution socialiste nationale et mondiale, sont condamnees a l'echec ou a des triomphes ephemeres qui reculeront ensuite. C'est pourquoi, les enseignements d'Octobre conservent toute leur actualite, en particulier le fait que la revolution socialiste mondiale ait besoin d'une organisation revolutionnaire internationale et de partis revolutionnaires nationaux pour la diriger.

 

En commemorant le 90eme anniversaire de la Revolution d'Octobre, nous voulons reaffirmer aux travailleurs et aux peuples du monde que la plus indispensable de toutes les taches est la reconstruction de la IVeme Internationale et de ses sections, les partis revolutionnaires nationaux.

 

Sur la base de cette proposition centrale, la Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrieme International (LIT-QI) s'engage a mettre toutes ses forces au service de cette tache et appelle tous les revolutionnaires du monde a s'y joindre. Nous croyons que ce sera le meilleur hommage que nous pouvons faire en ce 90eme anniversaire de la Revolution Russe.

 

Vive

la Revolution Russe !

Vive la lutte des travailleurs et des peuples du monde !

Vive la revolution socialiste mondiale !

Pour la reconstruction de la IVeme Internationale !

 

Secretariat International de

la LIT-QI

Sao Paulo, le 7 novembre 2007

 

 

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