La journée de mobilisation des fonctionnaires, le 8 février
Une mobilisation qui s’est faite contre la volonté des directions syndicales. Dans une situation politique encadrée par l’élection présidentielle du mois d’avril 2007, ces directions font tout pour que la lutte des classes ne vienne pas perturber la campagne électorale. A cet égard, la prise de position de
dernier congrès début 2007, est très emblématique : elle veut « peser » dans le débat des élections présidentielles en s’adressant aux candidats.
Les autres directions syndicales ne sont pas en reste. Ainsi, l’appel à la manifestation du 8 février (sorti de l’intersyndicale de l’éducation nationale du 18 janvier 2007) était très vague quant aux objectifs à atteindre à l’occasion de cette journée. L’appel parlait de perte de pouvoir d’achat et de détérioration des conditions de travail, mais sans lier ces problèmes à des revendications con
Pourtant, la dégradation du service public ainsi que les menaces de démantèlement et de privatisations sont patentes. Le quasi blocage du traitement de base, la réforme des corps et grades de la fonction publique (qui ressemble comme une soeur à celle imposée aux PTT en 1990) et l’explosion de la précarité font peser de lourdes menaces sur le pouvoir d’achat et l’emploi public. Tout cela est très durement ressenti par les fonctionnaires, par les agents de l’Etat et par les précaires de toutes les administrations.
On pourrait aussi parler de l’avenir des retraites, ou bien de la fameuse « loi de modernisation de la fonction publique ». Publiée le 6 février au Journal Officiel, cette loi stipule notamment que les fonctionnaires de l’Etat et les militaires pourront désormais « bénéficier » de l’assurance chômage. La chose ayant été remarquée lors du débat à l’Assemblée nationale, les Sainte-nitouche du bureau confédéral et des organisations de fonctionnaires de
Les motifs légitimes de mobilisation ne manquent donc pas, ce qui souligne d’autant plus fortement le scandale des « journées d’actions ». De sur
Après le succès du 8 février, les directions syndicales continuent de boucher les perspectives de mobilisation pour les travailleurs. Ainsi, l’intersyndicale intervenue suite à cette manifestation n’a même pas proposé de nouvelle date de manifestation : elle en est restée à « soutenir les actions locales académiques durant la période des vacances » mais « n’a pas trouvé d’accord pour lancer un nouvel appel à la grève en mars ». Alors que plus que jamais il faut unifier les luttes, les mobilisations, les revendications, les directions syndicales font précisément le contraire.
Néanmoins, la marge de manoeuvre des directions syndicales est de plus en plus étroite. Pour ne prendre que ces dernières années, elles sont montées en première ligne pour empêcher que les mobilisations des jeunes et des travailleurs n’aillent plus loin, notamment lors du mouvement contre la réforme des retraites en 2003 et lors du mouvement contre le CPE en 2006. Et encore, l’unité réalisée lors de ces mobilisations n’a pas émané des directions, elle a été imposée par la détermination des jeunes et des travailleurs !
En définitive, il existe un accord de fond des directions syndicales pour avancer sur le voie du « diagnostique
partagé » avec le MEDEF et le gouvernement, accord matérialisé lors de la conférence du 14 décembre dernier sur « l’emploi et les revenus ». Pour les syndicats, cet accord implique de prendre en charge une part importante de la définition et de l’application des «contre-réformes» gouvernementales, celles exigées par les capitalistes et encadrées par les traités et directives européens.
Alors qu’elles s’engagent de plus en plus ouvertement dans la voie de leur intégration à l’Etat, les directions syndicales, liées pour l’essentiel au PS et au PCF, vont apporter leur « réponse » à l’attente des travailleurs ; réponse qui, dans leur optique, ne doit pas déboucher sur une explosion sociale. De là, le pari risqué des journées d’action à répétition, comme celle du 8 février.
Cependant, l’ampleur de la mobilisation du 8 février 2007, malgré toutes les manoeuvres opérées par les directions syndicales, exprime la disposition et la volonté des travailleurs à se saisir de toutes les occasions pour se mobiliser contre les attaques du gouvernement.
La proximité des échéances électorales n’y change rien, et c’est bien le problème posé aux dirigeants du PCF et du PS qui, eux, ont déjà entériné les « évolutions » exigées par les capitalistes. Dans l’état actuel des choses, il est donc difficile de prévoir si les directions syndicales réussiront effectivement à contenir la mobilisation des travailleurs. Aussi, il faut s’appuyer sur l’ampleur de la mobilisation du 8 février pour unifier les luttes et stopper les attaques du gouvernement contre les travailleurs.