ven Mar 29, 2024
vendredi, mars 29, 2024

8 mars : Journée internationale de la femme travailleuse

Unifier la lutte contre l’oppression et l’exploitation !

En cette journée internationale de la femme, la Ligue Internationale des Travailleurs manifeste chaleureusement sa solidarité avec toutes les femmes qui, dans les différents continents, développent une lutte quotidienne contre l’oppression et contre l’exploitation capitaliste.
   Nous dédions cette date : à notre camarade Carolina Garzón, dirigeante étudiante et jeune militante socialiste du PST de Colombie et de la LIT-QI, disparue il y a trois ans en Equateur et qui n'a pas encore pu être localisée, malgré l’intense recherche pour la retrouver ;
   A Sandra Fernándes, militante socialiste du PSTU-Brésil, et son jeune fils Cauã, assassinés il y a un an, victimes de la violence machiste ;

   Aux femmes kurdes qui, organisées en milices féminines, ont contribué de manière décisive à la défaite de l’armée de l’Etat Islamique dans la ville syrienne de Kobané ;
   Aux milliers de militantes étudiantes, travailleuses et enseignantes qui, au Mexique, ont organisé durant plusieurs mois les mobilisations contre la disparition et l’assassinat de 43 étudiants de l’Ecole Normale de Ayotzinapa, dans l’Etat de Guerrero, et qui ont finalement réussi à démasquer le gouvernement de Peña Nieto et de l’Etat mexicain, et leur connivence avec les mafias des trafiquants.
   Aux femmes travailleuses européennes, les grecques en tête, qui ont, conjointement aux travailleurs, développé une lutte sans trêve contre les rudes plans d’austérité, imposés par le capital impérialiste dirigé par Angela Merkel, la chancelière allemande.
   Aux femmes et au peuple turcs qui viennent de se manifester par des mobilisations dans divers points du pays – exigeant au gouvernement d’Erdogan de mettre un point final à la violence machiste –, suite à l’assassinat d’une jeune de 20 ans, Ozgecan Aslam, qui fut poignardée et frappée à mort pour avoir résisté à une tentative de viol.

 

 

L’oppression : une réalité frappante

Il y a à peine quelques années, les organisations internationales et les gouvernements capitalistes, les patrons, les institutions académiques, les ministères de l’Education et de la Culture, entre autres, déclaraient tous que « l’oppression de la femme » était un reliquat du passé, que le triomphe du capitalisme sur le socialisme offrirait monts et merveilles. Une célèbre écrivaine latino-américaine allait jusqu'à affirmer que la seule révolution victorieuse du 20e siècle avait été celle de la femme. Il est vrai que les femmes ont réussi à faire avancer leurs droits démocratiques au cours du siècle passé, grâce à d’importantes luttes. Mais actuellement, elles doivent reconnaître que la « discrimination » envers la femme existe toujours. Et comment !
   On ne peut pas cacher la croissance exponentielle de la violence envers les femmes sous ses formes les plus répugnantes, à tel point que l’ONU, un organisme des bourgeoisies impérialistes, a dû la déclarer comme une véritable pandémie mondiale. On ne peut pas cacher le fait que 70 % des plus pauvres du monde sont des femmes. On ne peut pas ignorer que, chaque année, 30 % des grossesses sont non désirées et que, rien qu’en Amérique latine, l’avortement mal fait est responsable de 17 % des décès lors de l'accouchement, le plus souvent chez de jeunes adolescentes et des pauvres.
   On ne peut pas cacher l’existence de l’inégalité salariale, à laquelle n’échappe même pas la mecque du cinéma. En recevant son prix, l’actrice étasunienne Patrica Arquette, gagnante de l’Oscar de la meilleure actrice de second rôle, déclara « qu'il est temps qu’il y ait une fois pour toutes le même salaire (que les hommes) et les mêmes droits pour toutes les femmes des Etats Unis ». Et la réalité dans le reste du monde est bien pire. Si c’est ce que dit une bourgeoise américaine qui gagne 35 millions de dollars (moins de la moitié de ce qu’a reçu le gagnant de l’Oscar), que pourraient dire les millions de femmes travailleuses qui doivent survivre avec un salaire en dessous du minimum vital dans les pays du « tiers monde ».
   On ne peut pas cacher le fait que les travailleuses sont soumises à la double journée de travail ; huit heures ou plus de travail productif et au moins quatre heures de travail domestique journalier, camouflé dans ce que les organismes patronaux appellent aujourd’hui « l’économie du Care ». Ce travail non rémunéré et réalisé par les femmes représente des chiffres énormes par rapport au Produit intérieur brut : 22,6 %.au Mexique (en 2009), 30,6 % en Uruguay; 17,2 % en Colombie, pour ne citer que trois exemples d’Amérique latine.
   On ne peut pas nier que les guerres et les invasions – promues par l’ONU, l’OTAN, les armées impérialistes et leurs forces de sécurité –, bien que cachées derrière une couverture d’« actions humanitaires », ont comme victimes privilégiées les femmes, dont les corps deviennent des trophées de guerre et des mécanismes de soumission, et que l'on oblige à la migration forcée ou à l’esclavage, comme c’est le cas actuellement au Moyen-Orient, en Ukraine et en Afrique.
   On ne peut pas ignorer que l’immense majorité de la main d’œuvre féminine est utilisée dans le secteur des services – la santé, l’éducation, le travail social, l’horeca, le nettoyage –, des secteurs associés au rôle traditionnellement affecté aux femmes comme une extension de leur rôle de mère et de soignante. Dans l’Union européenne, elles représentent 69,2 % du total des travailleurs du secteur public et à peine 38 % de l’emploi total. Les avancées des femmes dans les emplois industriels, hormis les secteurs de l’industrie textile, l’électronique et l’alimentation, sont bien loin de fermer la brèche qui existe entre les hommes et les femmes.
   On ne peut pas cacher non plus le fait que – malgré les discours sur les bontés de la démocratie et l’intégration (bourgeoises, bien entendu) – d’autres secteurs comme les noirs, les migrants, les diversités sexuelles, continuent à être victimes du racisme, de la xénophobie et de l’homophobie. Comme exemple, rappelons les mobilisations de l’année passée à Fergusson, aux Etats Unis, contre la violence policière raciale. Rappelons aussi les politiques de l’Union européenne contre les migrants et l’islamophobie fomentée par les gouvernements et les groupes d’ultradroite aux Etats-Unis et en Europe ; ou le refus d'accepter le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels.
   Pour compenser cette réalité incontestable, le capitalisme se targue de la présence croissante des femmes en politique, et il nous montre Angela Merkel, les présidentes Christina Kirchner, Michelle Bachelet, Dilma Rousseff, des femmes ministres et des entrepreneuses célèbres comme symboles de l'accès au pouvoir. Et cela lui arrive d'offrir un prix à une femme issue du milieu populaire qui a réussi à créer une petite micro-entreprise, grâce à son énorme effort personnel et aux politiques officielles d’entrepreneuriat. Nous le disons haut et fort : ces femmes-là ne nous représentent pas ! Ce sont des femmes bourgeoises, qui appliquent les plans d’austérité contre le peuple travailleur. Elles n'ont pas le fardeau de la double journée de travail, car elles peuvent payer d’autres femmes pour réaliser le travail domestique. Elles ne sont pas victimes d’avortements mal faits, car elles ont de quoi payer des médecins et des cliniques privées. Elles ne sont pas victimes de la violence quotidienne, car elles ont des gardes du corps qui les protègent.
   La majorité des groupes féministes soutiennent également que les femmes de toutes les classes devraient s’unir en une grande solidarité entre femmes. Nous ne sommes pas d’accord avec les femmes bourgeoises ; nous ne pouvons faire que des unités d’action ponctuelles sur l’une ou l’autre exigence démocratique, point barre. La lutte de classes nous situe de manière quotidienne de l'autre côté de la barricade ; serait-il possible que les travailleuses grecques aillent serrer la pince à Angela Merkel ?
   La réalité, c’est que le capitalisme, au lieu d’apporter monts et merveilles, est en train d’approfondir la discrimination et d’utiliser l’oppression de secteurs immenses de la société pour décharger de plus en plus de souffrances et d'exploitation sur les épaules de la classe travailleuse, afin de se récupérer de la profonde crise qui la traverse de fond en comble. Toutes les idéologies religieuses, culturelles et morales qui furent la base de soutien et la légitimation de son pouvoir – et que les travailleurs et les travailleuses ont réussi à faire reculer, grâce à leurs luttes et leurs mobilisations, pendant d'importantes périodes du 20e siècle – ont été réactivées sous de nouvelles formes. Aujourd’hui, les conquêtes démocratiques acquises, telles que le droit à l’avortement libre et gratuit, sont sévèrement remises en question, que ce soit aux Etats Unis, en Europe ou en Amérique latine.
   Actuellement en Europe, comme dans les années nonante en Amérique latine, on exécute de durs plans d’austérité qui annulent les droits acquis par la classe ouvrière dans son ensemble et par les femmes travailleuses en ce qui concerne les libertés démocratiques et sociales spécifiques des femmes. L’idéologie machiste est utilisée pour diviser la classe ouvrière et les travailleurs, comme justificatif du chômage, des licenciements et des coupes budgétaires concernant les droits sociaux.

L'austérité : un synonyme de guerre sociale

Aucun pays du monde capitaliste n’a échappé aux plans d’austérité. Dans certains, ils furent appliqués de manière plus sauvage, dans d’autres plus lentement. A travers ses organismes multilatéraux (le FMI, la Troïka, l'OCDE), le capital impérialiste a mis en œuvre tout un plan politique pour se récupérer de la crise économique de 2007, en créant de véritables catastrophes sociales, comme en Grèce et en Haïti.
   Les travailleurs des Etats Unis et ceux de l’Europe plus développée ne pensaient pas qu’ils pourraient être, eux aussi, victimes des plans appliqués dans les semi-colonies d’Amérique latine, d’Asie ou d’Afrique.
   Un rapport récent du Lobby Européen des Femmes (EWL) sur l’impact des politiques d’austérité en relation aux droits des femmes signale que : « les politiques d’austérité en Europe affaiblissent les droits des femmes, perpétuent les inégalités de genre existantes et en créent de nouvelles, et mettent en difficulté les perspectives de développement économique… »
Le fait est que les coupes drastiques dans les dépenses publiques ont provoqué le licenciement de travailleurs du secteur où les femmes sont majoritaires à 70 % ; elles ont mené à des coupes dans les dépenses sociales qui touchent les services de santé et d'éducation ; elles ont réduit les droits qui protègent la maternité, comme les congés et les permis rémunérés ; elles ont taillé dans les allocations familiales, diminué les droits de pension, éliminé les programmes d’appui aux soins de la petite enfance et des personnes âgées ; et elles ont augmenté les impôts à travers la TVA. Les femmes qui trouvent encore un travail sont engagées pour quelques heures ou à mi-temps, avec des salaires précaires et parfois sans droit à la sécurité sociale.

Lutter tous unis, en combattant les idéologies bourgeoises

L’année passée en Espagne, des milliers de travailleurs, descendus dans la rue avec les femmes à l’avant-garde, ont obtenu un grand triomphe. Ils ont mis en échec la proposition du gouvernement et de son ministre Gallardón, de réduire le droit à l’avortement. Qui plus est, à part l'abandon du projet de loi, le ministre a dû démissionner. C’est la voie à suivre, car les droits démocratiques des femmes ne sont pas uniquement une affaire de femmes. Il faut que la classe ouvrière assume non seulement les bannières contre l’exploitation et les plans d’austérité, mais aussi celles de la lutte contre tout type d’oppression capitaliste. Il faut que la classe ouvrière et ses organisations mettent en pratique un programme qui unifie la classe et tous ses secteurs.
   Les idéologies comme le machisme, la xénophobie, l’homophobie et le racisme sont des préjugés que la bourgeoisie implante dans la société parce que ce sont des instruments pour l’exploitation économique et l’oppression politique. Ce sont des idéologies néfastes qui divisent les travailleurs et les opposent entre eux ; et qui les empêchent de lutter pour leurs intérêts communs contre l’exploitation capitaliste et de se reconnaître en tant que classe.
   Les femmes sont la moitié de la classe ouvrière, et près de 70 % dans les secteurs des services comme l’éducation et la santé. L’inégalité salariale se manifeste ici comme une inégalité pour l’ensemble des travailleurs du secteur et pousse, de ce fait, à la baisse générale des salaires.
   Les syndicats doivent inclure les revendications du prolétariat féminin, comme l’égalité de salaires, les crèches, le droit à la pension, des programmes d’attention à la petite enfance et aux adultes majeurs, la protection de la maternité, le droit à l’avortement libre et gratuit, le droit à l’adoption pour les couples homoparentaux.
   Il faut lutter pour que, dans les syndicats et dans les organisations ouvrières, les femmes puissent accéder à la direction, et il faut leur faciliter tous les moyens nécessaires pour y arriver. Il faut mener une bataille contre le machisme et toutes ses expressions, contre la violence domestique et sociale, contre le concept de la femme comme objet sexuel.

Nous luttons pour le socialisme

Le système capitaliste ne nous offre, à nous les travailleurs, que des crises et des guerres, de l'exploitation et de l'oppression. Il nous montre ainsi son vrai visage et il confirme que les propositions « d’humaniser le capital », ou d'y faire des améliorations permanentes sans un changement radical, comme le propose la « démocratie radicale » ou le faux socialisme castro-chaviste, ne sont rien d’autre que des illusions éphémères.
   Nous, les femmes socialistes, nous voulons une révolution ! Nous voulons lutter avec nos frères de classe du monde entier, au-delà des barrières raciales et linguistiques, au-delà des frontières nationales, pour transformer le monde. Toute conquête, toute avancée partielle obtenue par des femmes, par la classe ouvrière, par des secteurs marginalisés, est remise en question le lendemain. Il n’y a rien de durable pour les travailleurs. La logique d’exploitation du capitalisme met en danger y compris notre planète.
   Nous voulons lutter pour laisser aux futures générations un monde meilleur. Nous luttons pour une société sans exploiteurs ni exploités, sans oppresseurs ni opprimés, pour une société socialiste ; mais pas celle du socialisme bureaucratique et totalitaire qu’avait construit le stalinisme et qui a déformé les immenses conquêtes, gagnées dans les premières années de la Révolution d’Octobre 1917 ; une révolution qui a octroyé a la femme des droits que ni l’Etat capitaliste le plus avancé n’a été capable de donner.
   Nous ne voulons pas non plus, comme stratégie, le programme de « réformes du capitalisme » que proposent aujourd’hui la majorité des organisations de gauche. Nous luttons pour des réformes, oui bien sûr, pour des droits démocratiques, pour des libertés, mais notre chemin est le socialisme. C’est notre cri de combat en cette journée internationale de lutte de la femme travailleuse et c’est notre appel aux hommes et aux femmes de notre classe, travailleurs et opprimés. Nous luttons pour construire le parti mondial de la révolution afin de réaliser cet objectif.

Vive la journée internationale de la femme travailleuse !

Secrétariat international de la femme de la LIT-QI
Mars 2015

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