jeu Mar 28, 2024
jeudi, mars 28, 2024

La réforme agraire: peu de changements profonds

Sous la pression de quatre marches nationales de paysans, arrivés de tous les coins du pays, la loi de modification de l’actuelle loi agraire (Loi INRA) a finalement été approuvée à la fin de no-vembre. Cette nouvelle loi accélère les procédures administratives agraires pour rendre les terres aux communautés et aux peuples indigènes et les redistribuer. Le gouvernement s’est montré dispo-sé à distribuer des terres fiscales et d’autres terres actuellement improductives, mais s’oppose radi-calement à l’affectation des grandes propriétés, qui « accomplissent la fonction économique-sociale ». Evo a déclaré qu’il garantit la propriété privée des terres.
Depuis plusieurs semaines, cette réforme a été bloquée au Sénat, par les représentants de la Demi-Lune, comme une mesure de pression contre le MAS pour exiger la règle des 2/3 dans l’As-semblée Constituante. Elle a été approuvé finalement le 30 novembre, avec l’appui de quelques sénateurs « transfuges ».


Répression contre les cocaleros


En même temps, conformément aux exigences des Etats-Unis de déraciner 5.000 hectares de coca en 2006 et comme condition pour ratifier un accord commercial existant entre les deux pays,1 il y a eu une forte répression contre les cultivateurs de coca (les cocaleros) dans la région des Yun-gas de Vandiola à la fin du mois de septembre.
Comme Evo ne peut pas intervenir dans la région de Chapare, sa base sociale et celle du MAS, ni dans les Yungas de La Paz, où il y a plus 80.000 paysans cocaleros, il a décidé de le faire dans les Yungas de Vandiola (Cochabamba), une zone cocalera traditionnelle, très isolée et oubliée, où quelques 700 familles survivent dans des maisons très précaires, sans services de base, ni eau pota-ble ni électricité. Les forces policières de la répression ont occasionné 2 morts, 3 blessés et plu-sieurs arrestations. Comme une ironie amère de l’histoire, rappelons qu’Evo Morales a commencé à gagner du prestige comme dirigeant de la résistance contre les tentatives d’éradiquer la culture de coca, dans la région de Chapare.
Le dirigeant syndical de Pataicuna, Nicanor Churata, pointe du doigt la contradiction du proces-sus : « Nous avons élu le Président, nous avons même obligé (syndicalement) les gens à voter pour le MAS, mais maintenant ce gouvernement nous tire dessus. C’est une véritable contradiction dans sa politique de la coca, parce qu’il défend seulement les intérêts des Six Fédérations du Tropique de Cochabamba ».
                           
1 Il s’agit d’un accord tarifaire préférentiel avec les Etats-Unis, dans le cadre de l’ATPDEA, Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act, pour la vente de certains produits textiles, de vêtements et d’articles artisanaux d’exportation de la Bolivie, sur le marché des Etats Unis. Il représente entre 1,4 et 2% du PIB de la Bolivie. Actuellement, le gouvernement bolivien essaye de renou-veler cet accord pour un an.

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