jeu Mar 28, 2024
jeudi, mars 28, 2024

La signification de la victoire contre le CPE

La victoire contre le CPE aggrave la crise politique et institutionnelle


La détermination de la jeunesse, dans la bataille contre le CPE, a fait plier le gouvernement et basculer les bureaucraties, syndicales et politiques. Une telle victoire, il est certain, marquera de son empreinte la lutte de classe de toute la période à venir.


Une victoire importante non seulement à l’échelle du pays, mais aussi a l’échelle de l’Europe car, en effet, les jeunes et – par procuration – les travailleurs français ont porté une défaite partielle aux directives européennes, des directives imposant la précarité à l’ensemble des travailleurs et jeunes d’Europe.


A cette occasion, la jeunesse a su sceller une unité sans faille avec la classe ouvrière et ce, jusqu’au bout, jusqu’à la reculade du gouvernement et au retrait du CPE, sous prétexte de « remplacement ». L’unité ainsi réalisée, entre des acteurs centraux de la lutte de classe, est une grosse épine dans le pied des bureaucraties syndicales, ouvrière et étudiante. D’abord, l’unité de la jeunesse a tordu la main aux appareils des « principales organizations étudiantes et lycéennes » (UNEF, FIDEL, UNEL), opposées au début à toute mobilisation contre le CPE.


Ensuite, une fois l’unité d’action avec la classe ouvrière imposée, les confédérations ouvrières ont dû également plier et geler (certes, transitoirement), leurs tentatives de compromis avec le gouvernement et le patronat, ainsi que leur indispensable aide à la gestion du capitalisme dans ce pays.


Tous ces beaux mondes syndicaux, inféodés à telle ou telle fraction de la ex-gauche plurielle, quand ce n’est pas à la bourgeoisie directement, ont été bien obligés de se plier et de suivre. A juste titre, ces longues semaines de mobilisation contre le CPE et la reculade du gouvernement ont été ressenties comme une victoire.


Cette victoire contre le gouvernement a nourri la confiance de la jeunesse et des travailleurs dans leurs propres forces. Cette bataille a prouvé que l’unité dans l’action paye et que prendre avec détermination son destin en main est le seul moyen de se faire entendre et de faire reculer la barbarie capitaliste.


Cependant, et malgré leur joie, la jeunesse et les travailleurs sont tout à fait lucides et comprennent que, pour importante qu’elle soit, il s’agit d’une victoire partielle qui doit être complétée par le retrait du « cousin » du CPE, le CNE et, plus largement, de toute la loi sur la soidisant « égalité de chances ». Tel est l’enjeu que devront affronter, dans les semaines et mois à venir, la classe ouvrière et la jeunesse., armées de leurs seules forces et détermination.


Dans cette bataille, jeunes et travailleurs auront à affronter non seulement le gouvernement et le patronat (qui peinent à reprendre l’initiative), mais aussi leurs propres bureaucraties syndicales. Déjà, ces organisations, dites de la jeunesse et de la classe ouvrière, travaillent la main dans la main avec le gouvernement et le patronat, pour « flexibiliser » le code du travail.


Sous couvert de « négociation »du contrat de travail ou du parcours professionnel, ou d’autres formules fumistes, cette alliance de collaboration de classes (qui a déjà pondu la « flexsécurité ») entend, purement et simplement, détruire le code du travail.


Aussi, ces bonnes gens oeuvrent de toutes leurs forces pour faire oublier la bataille gagnée contre le CPE et tout autre enjeu de la lutte de classe susceptible de bouleverser les échéances présidentielles de 2007. Tout est fait pour minorer cette victoire et cacher une de ses lourdes conséquences : l’aggravation de la crise politique et institutionnelle.


Aussi, on a pu voir à l’oeuvre les appareils syndicaux et politiques dans leur farouche volonté de « démobiliser » à l’occasion de ce dernier 1er mai, marqué par leur peur de la mobilisation unie des travailleurs et de la jeunesse. Le secrétaire général de la CGT (principale organisation ouvrière), Bernard Thibault, dans la foulée de la victoire contre le CPE et à la veille du congrès confédéral, avait même menacé d’un 1er mai de grande manifestation unitaire et de lutte, alors qu’en réalité il travaillait avec son appareil, et avec le concours des autres confédérations (CFDT, FO.), à vider cette échéance de tout contenu, la transformant une fois de plus en journée de division ou de « fête » sans lendemain.


La crainte des bureaucraties syndicales est grande, de voir les travailleurs et la jeunesse se saisir de cette date pour la transformer dans ce qu’elle aurait toujours dû être : une journée de lutte de la classe ouvrière. Cette crainte est à la mesure de la volonté de ces dirigeants (liés dans leur grande majorité au PS ou au PC) de circonscrire, voire d’étouffer l’élan né de la victoire contre le CPE et, par-là même, de sauver le gouvernement et les institutions capitalistes.


Certes, la nouvelle affaire en date, « Clearstream » (du nom d’une institution financière off-shore, spécialisée en paradis fiscaux), dans laquelle un nombre important de représentants politiques de tous bords serait compromis, aggrave la crise d’institutions déjà largement décomposées. N’empêche que, à la suite de la victoire contre le CPE, cette affaire arrive à point nommé pour essayer de masquer le rôle fondamental de la lutte de classe dans l’aggravation de la crise politique et institutionnelle.


Cependant, les objectifs des uns et des autres sont loin d’être réalisés, qui cherchent à étouffer la lutte de classe en la subordonnant aux échéances électorales. En effet, au cours de ces longs mois de mobilisation contre le CPE, des milliers de jeunes ont fait l’expérience de la lutte de classe. Ils ont appris à surmonter les obstacles de la division en passant par-dessus les appareil et en imposant l’unité avec la classe ouvrière. Ils ont compris que, dans les combats à venir, la place des étudiants, futurs travailleurs en formation (voir Charte de fondation de la FSEUL) est aux cotés des travailleurs.


C’est la force de la jeunesse étudiante, c’est sa capacité à prendre ses affaire en main qui a permis de surmonter les obstacles de la division et l’inaction dans laquelle voulait l’entraîner l’UNEF, principalement. En prenant le contrôle direct du mouvement, à travers des assemblées et des délégués élus démocratiquement, la jeunesse a gagné en conscience de classe, une conscience qui se manifestera sans doute dans les combats à venir. En se mobilisant massivement pendant des semaines aux côtés des travailleurs jusqu’au retrait du CPE, et en demandant le retrait du CNE et de la loi sur « l’égalité des chances », les jeunes ont manifesté clairement leur volonté de ne pas accepter la précarité.


Le spectre de la victoire contre le CPE hante, et hantera en permanence, les négociations entre les confédérations syndicales, le patronat et el gouvernement sur la « flexibilisation » du code du travail. Les confédérations syndicales risquent gros si elles trahissent les aspirations des travailleurs et de la jeunesse et, s’il le faut, ceux-ci sauront se mettre en mouvement le moment venu : mais cette fois-ci, ils partiront d’un niveau supérieur de conscience et d’expérience, des atouts qui pèseront certainement très lourd dans les résultats des futurs combats.

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