jeu Mar 28, 2024
jeudi, mars 28, 2024

La Conlutas a été créée!

Une nouvelle direction est née!


Le weekend des 5,6, et 7 Mai derniers, une nouvelle organisation de lutte a été fondée par les travailleurs brésiliens. Depuis que Lula et le PT sont arrivés au pouvoir, ils ont commencé à appliquer des réformes qui détruisent les droits des travailleurs, comme par exemple la réforme des retraites. Ils ont ainsi généré un bénéfice fiscal à travers une coupe sombre dans les dépenses sociales pour payer la dette externe, et pour envoyer des troupes militaires en Haïti sur la demande de Bush. Ils ont mené une réforme syndicale et du code travail qui ne bénéficie qu’aux capitalistes.


Dans un premier temps, l’avant-garde s’est forgée une expérience contre le gouvernement Lula. Dans  ce cadre, un groupe significatif de syndicats et d’organisations ont commencé à rompre avec la CUT. La Centrale Unique des Travailleurs – CUT – , aujourd’hui au service des politiques de Lula et du PT, est devenue le principal obstacle pour les luttes des travailleurs. Le dernier round de cette bataille a été la fondation de la CONLUTAS -Coordination Nationale de Luttes.


A la suite de ce texte, nous joignons un compte-rendu du Congrès National des Travailleurs (CONAT) lors duquel la CONLUTAS a été fondée. Nous présentons également l’opinion d’importantes personnalités qui étaient présentes au CONAT comme James Petras, Celia Hart et Valerio Arcary.


Le Congrès  


Le 1er Congrès National des Travailleurs a voté à une très grande majorité, la fondation d’une nouvelle organisation, créant ainsi la CONLUTAS. Ce moment a été un moment de grande émotion pour les délégués et les participants.


Les délégués se sont embrassés et ont chanté « A CONLUTAS é para a ação, está surgindo uma nova direção! ». (« La CONLUTAS est faite pour l’action, une nouvelle direction est train de surgir »).


La Centrale Unique des Travailleurs a joué un rôle historique. Mais depuis qu’elle a commencé à faire partie du gouvernement Lula, elle a été la complice des attaques contre les travailleurs, elle a empêché les luttes, et elle a laissé des milliers de travailleurs orphelins.


Désormais la classe ouvrière brésilienne, n’est plus seule : une nouvelle référence est née, une référence réellement combative et de classe. « Cette décision est peut être la décision la plus importante que la classe ouvrière a prise ces dernières décennies », a dit Luis Carlos Prates, dit Mancha, du syndicat des métallos de São José dos Campos, en défendant la proposition de la fondation de l’organisation.


Il y a eu des interventions et des arguments contre cette proposition. Les secteurs qui se sont manifestés contre cette proposition, se sont également positionnés contre la rupture avec la CUT. Ils ont argumenté que « on devait mettre la CUT au service de la révolution prolétarienne », comme l’a dit Ana Raquel, du Courant Prolétaire de l’Education. Dans son intervention, elle a adressé un appel à la CONLUTAS, pour que la position de rupture avec la CUT soit revue.


Finalement, l’assemblée plénière a souverainement décidé d’avancer dans la lutte en construisant une nouvelle organisation. Les participants ont levé leurs bulletins et ont lancé des bouts de papier en l’air. La joie et l’enthousiasme étaient tels que le débat sur la nature de la nouvelle organisation n’a pu reprendre que dix minutes après ce vote historique.  


Le congrès a réuni 3500 personnes  


2729 délégués, représentant 1770000 travailleurs, ont participé au CONAT. Les chiffres officiels du 1er Congrès National des Travailleurs ont été communiqués par la Commission d’organisation. Ils ont confirmé que cet événement était une victoire et une réussite. Au total, 529 délégations de tout le pays étaient présentes. Parmi ces délégations, 52 venaient du Nord du pays ; 113 venaient du Nordeste; 32 du Centre-ouest; 236 du Sud-est; et 96 du Sud. Il y a eu 3542 délégués élus dans les assemblées de base. 2729 sont venus au congrès. Il y a eu 235 observateurs et 208 invités. Au total, 3550
personnes étaient présentes au Congrès.
En tout, 1770000 travailleurs, étudiants et membres des mouvements sociaux de base étaient représentés.


Le nombre de présents a été encore plus important, étant donné que dans les chiffres que nous donnons, nous ne mentionnons pas les délégations étrangères venues notamment de Bolivie, de France, des Etats-Unis, de Russie, du Costa-Rica, d’Argentine et du Paraguay.


Le vote définit la composition de la CONLUTAS  


Après la discussion sur la fondation de la nouvelle organisation, les débats ont porté sur la nature et la direction de la CONLUTAS. Au sujet de la composition de l’organisation, il y avait six propositions alternatives:


1. définir la CONLUTAS comme une fraction révolutionnaire de la CUT,


2. constituer une nouvelle organisation de nature plus large, incorporant les mouvements sociaux, les
secteurs non organisés de la classe ouvrière et les organisations étudiantes,


3. définir la CONLUTAS comme centrale de travailleurs,


4. créer la Cocep (Centrale Ouvrière Paysanne, Etudiante et Populaire),


5. définir une centrale de type soviétique,


6. définir la CONLUTAS comme une centrale syndicale.


 La grande majorité des délégués a adopté la deuxième proposition. Désormais, grâce à une décision historique, en plus d’un outil pour l’organisation des travailleurs, les mouvements de sans-terre, les étudiants, les mouvements sociaux et des secteurs non-organisés de la classe ouvrière peuvent participer à la nouvelle organisation.


Au sujet de la direction, deux propositions ont été défendues. Certains camarades ont défendu la position selon laquelle le CONAT devait élire une direction sur la base d’un vote proportionnel. Finalement, il a été voté qu’à l’étape actuelle, la CONLUTAS devait approuver une coordination nationale avec des représentants de chaque organisation qui la compose. Cette proposition a été considérée comme étant la seule manière de garantir une réelle représentation des minorités à l’intérieur de la CONLUTAS.  


Quatre opinions importantes de personnes qui étaient présentes au Congrès de fondation de la CONLUTAS


 James Petras : « Il faut un plan de lutte pour conquérir la classe ouvrière ».


James Petras a été le premier à s’exprimer lors du débat « Conjoncture Nationale et Internationale: les défis de l’organisation des travailleurs », qui s’est tenu le premier jour du Congrès.  


Petras a fait référence d’une part à l’échec que représentait les élections comme moyen de changer la vie des travailleurs dans le monde et d’autre part aux défis de la réorganisation, qui passe par les secteurs non syndicalisés, par les chômeurs, par les mouvements sociaux et culturels.


Petras a déclaré : « Un des grands défis de la CONLUTAS est d’organiser les millions de travailleurs qui ne sont pas organisés. Les marginalisés se trouvent à l’avant-garde des luttes dans le monde entier, comme les piqueteros en Argentine ou les immigrants en France et aux Etats-Unis « .


Il a également affirmé qu’au Brésil, ces secteurs souffrent des attaques du gouvernement Lula. Petras a donné l’exemple des travailleurs sans-terre, qui n’ont vu, avec le gouvernement du PT aucune réforme agraire. Il a également mentionné les travailleurs des petites entreprises et les consommateurs en général. Il a argumenté : « Nous avons la possibilité de défendre les consommateurs qui paient des impôts ainsi que la masse ouvrière des petites entreprises. Ce que Lula est en train de faire c’est détruire toute la protection sociale des ouvriers qui travaillent dans les petites entreprises. Nous devons construire des formes d’organisation dans les quartiers populaires, dans les associations culturelles, nous devons entrer dans les lieux où se trouvent les milliers de pauvres non organisés ».


Petras a également analysé le rôle du CONAT (Congrès National des Travailleurs) et de la CONLUTAS. Il a ajouté que « l’aspect le plus important de ce congrès, ce ne sont pas les débats idéologiques, mais le fait d’établir un plan de luttes en définissant un programme concret qui avance en fonction des luttes sociales ». Il a également dit qu’il s’agissait du défi que nous devions relever.  « CONLUTAS peut jouer un rôle important. Celui d’organiser les non organisés ». Et il a conclu que « pour cela, il faut un plan de luttes pour conquérir la classe ouvrière, pour ensuite conquérir le pouvoir ».


Interview de Celia Hart : « Je crois profondément que cette organisation de classe
sera une référence pour l’Amérique Latine ».


 Celia Hart, grande intellectuelle cubaine, a participé au CONAT et nous a accordé cette interview.


Quelle est votre analyse du CONAT ?


Celia Hart : La fondation de la CONLUTAS est une expérience inoubliable. Je crois profondément que cette organisation de classe sera une référence pour l’Amérique Latine et qu’elle exprime réellement l’ensemble des aspirations du peuple brésilien, sa tradition prolétarienne et de lutte. Jusqu’à maintenant, nous avons vu que tous les mouvements sociaux qui se sont déroulés en Amérique Latine – et qui sont allés jusqu’à renverser des gouvernements – ont justement manqué de ce que vous êtes en train de créer ici. Il faut que cela s’articule autour de deux axes : premièrement l’unité – c’est à dire une unité de classe, vraiment révolutionnaire et pour le socialisme, deuxièmement il faut qu’il y ait en son sein toutes les luttes particulières: la lutte pour l’émancipation féminine, la lutte contre la discrimination raciale et toutes les autres luttes des secteurs marginalisés. J’espère que cela deviendra une vraie référence pour toute l’Amérique Latine.  


Comment analysez-vous la conjoncture politique actuelle en Amérique Latine, notamment les dernières luttes et les dernières mobilisations ?


Celia : Je pense que la conjoncture en Amérique Latine synthétise précisément le développement de la lutte contre le néolibéralisme que nous avons vécue après la chute du mur de Berlin. En effet, depuis cet événement, il y a un important mouvement vers la gauche. Si nous arrivons à profiter de ce mouvement – s’il ne nous manque pas la direction, et si nous arrivons à profiter de cette situation, cela peut se transformer en un moment clé pour l’histoire de l’humanité. Les mouvements sociaux en Bolivie, en Equateur et en Argentine ont démontré que les conditions objectives étaient plus que mures, qu’elles avaient commencé à pourrir. Ce qui nous manque réellement, c’est l’aspect subjectif, c’est à dire la direction politique. C’est pour cette raison que je vous dis que je crois profondément que ce congrès va répondre à mes attentes par rapport à ce que devrait être une organisation ouvrière.  


Quelle est votre analyse du gouvernement brésilien, de Lula et du PT ?  


Celia : A vrai dire, je n’ai pas beaucoup d’expérience ou de connaissance sur Lula, mais à partir de ce que j’ai pu comprendre ici [au CONAT], je crois qu’il s’est approprié toute la potentialité, toute l’histoire et toute la tradition ouvrière brésilienne. Paradoxalement, il utilise tout cela contre ceux qui l’ont mis au pouvoir. Ce n’est peut-être pas une caractérisation consensuelle, mais il me semble qu’il ne rempli pas la tâche pour laquelle il a été élu par les travailleurs brésiliens. Lula est un dirigeant ouvrier important, mais d’après ce que je comprends, il s’est transformé en traître de la classe ouvrière.


Mikhail Ostrovski, Travailleur russe salue l’enthousiasme et la démocratie des débats


La Russie a été le premier pays au monde à vivre l’expérience d’une révolution socialiste. En octobre 1917, des millions de travailleurs et de paysans,
dirigés par les bolchéviks, ont été les acteurs d’un mouvement massif qui a renversé le gouvernement de Front Populaire.
C’est pour cette raison que, encore aujourd’hui, la Russie est un pays important pour les socialistes du monde entier.


Invité au CONAT, le Russe de 24 ans Mikhail Ostrovski, travailleur graphique et étudiant en histoire, a parlé de la réalité actuelle de la classe ouvrière en Russie, après la chute de la bureaucratie et la restauration du capitalisme. Il également salué la « démocratie ouvrière du CONAT ».


Quelle a été ton expérience avec la classe ouvrière brésilienne réunie ici au CONAT ?  


Ostrovski : Je n’ai pas encore tiré de conclusions, ce sont mes premières impressions. Je dois y réfléchir un peu plus pour comprendre à fond et tirer des conclusions plus abouties de tout ce que je suis en train de vivre ces derniers jours. Mes premières impressions portent sur les attitudes, je ne peux pas encore donner mon avis sur comment pensent et agissent les travailleurs brésiliens. Nous n’avons pas un contact assez prolongé avec eux. Mais ce que je suis en train d’observer dans ce Congrès, c’est beaucoup de démocratie ouvrière, des personnes qui connaissent et comprennent les débats. Il n’y a personne qui se trouve ici et qui ne comprend pas ce qui se passe.


 Les personnes qui sont ici, sont très attentives et savent quand elles doivent voter et quand elles ne doivent pas voter. Les personnes demandent le droit à la parole pour défendre leurs positions. Je vois un débat passionné, conformément à la culture de la démocratie ouvrière. Je suis réellement très impressionné. Actuellement, on ne voit pas ça en Russie.


 Aujourd’hui, quelle est la situation du prolétariat russe et quelles sont ses principales luttes ?  


Ostrovski : La classe ouvrière russe est très divisée. Il y a les travailleurs des grandes villes, et ceux des petites villes. A Moscou, Saint Petersbourg et dans les agglomérations de ces deux villes se trouve 10% de la classe ouvrière. Il s’agit du secteur le mieux payé de la classe ouvrière. Dans les autres régions du pays, les salaires sont très inférieurs à ceux des grands centres urbains. Il y a également des divisions nationales parmi les travailleurs en
fonction des différentes nationalités. A la différence de l’Amérique Latine, le nationalisme en Russie signifie l’appui à la répression contre les pays qui
luttent pour leur indépendance. C’est une sorte « d’impérialisme » russe par rapport aux autres
nationalités de la région.  


Le gouvernement utilise les différences nationales et joue sur les sentiments nationaux pour diviser la classe ouvrière, et de cette manière il « légitime» la guerre contre la Tchétchénie. Il justifie ainsi la guerre contre le « terrorisme ». Selon le gouvernement, tout le monde est terroriste en Tchétchénie. Cette division est un problème très important auquel la classe ouvrière doit faire face. C’est là que se trouve la secteur le plus exploité, et beaucoup de Tchétchènes vont travailler à Moscou. Cette guerre contre le « terrorisme » permet au gouvernement Poutine de diviser et de contrôler les travailleurs.


Il y a également le problème des réformes que le gouvernement est en train de mener: la réforme du système de santé; la réforme de l’éducation; la réforme des services municipaux (eau, lumière, téléphone) ; les coupes dans le budget du transport des retraités qui ont perdu ce droit; la réforme de la
propriété de la terre, garantissant le monopole aux grands propriétaires terriens. En d’autres termes, toute les pans de la société et de l’économie sont en train d’être soumis aux lois du marché. 
 


Bien que ces réformes aient déjà commencé, il y a une certaine passivité. Par exemple, quand il y a eu la réduction des allocations, à travers ce qui s’appelle en Russie le « processus de monnaitisation », les retraités ont perdu le droit au transport gratuit, en contre-partie ils ont reçu des aides du gouvernement et aujourd’hui ils n’ont plus les forces de se mobiliser.


Tout s’explique à travers le problème de l’organisation de la classe ouvrière. Les réformes passent et ils se taisent. Cela a à voir avec l’absence d’un outil politique, comme un parti révolutionnaire de gauche, comme des associations culturelles, etc.


Que pense la classe ouvrière d’octobre 1917 ?  


Ostrovski : Il est difficile de savoir ce que pense la classe ouvrière étant donné qu’il n’existe pas d’organisations de classes. Mais en discutant avec les ouvriers des provinces, on voit qu’ils considèrent que le socialisme est une bonne chose. Actuellement, les personnes qui pensent que le socialisme est une bonne chose, voient que dans les années 60, non pas grâce à Brejnev, mais parce qu’il y avait de la stabilité, il n’y avait pas de chômage. Cependant, pour les travailleurs les événements de 1917 sont très complexes. Il y a eu une révolution et juste après la situation est devenue très difficile (à cause de la guerre contre d’autres pays). Ensuite la vie s’est améliorée, il y a eu de l’emploi et de la stabilité. Il existait une certaine fierté de la classe ouvrière parce qu’elle était arrivée à organiser et à construire elle-même le système soviétique. Cette fierté n’existe plus aujourd’hui.


 Comment expliquer alors cet affaiblissement brutal des outils des travailleurs, alors qu’il ya moins d’un siècle ils ont été les acteurs de la première révolution ouvrière de l’histoire ?


 Ostrovski : Analyser ce problème, quand on constate ce reflux, cette défaite, est une tâche difficile. La période de la révolution, de la contre-révolution et de tous les processus qui ont eu lieu, ont eu une signification mondiale. On ne peut donc pas attendre qu’il y ait une réponse qui vienne d’un seul secteur. Il s’agit de quelque chose que nous devons travailler et élaborer ensemble, avec les travailleurs et les marxistes. Les défaites ne viennent pas d’avoir lieu, elles se sont passées il y a longtemps, depuis environ 15 ou 20 ans. Maintenant nous voyons les effets de cette défaite. Il y a beaucoup d’information que sont en train d’être assimilées maintenant par les Russes.


Valerio Arcary et les quatre leçons de l’histoire les plus récentes  


Militant du PSTU et auteur du livre « As esquinas perigosas da História – Situações revolucionárias em perspectiva marxista », Valério Arcary a fait son exposé en le divisant en quatre points, qu’il a appelés « les grandes leçons des cinq premières années du 21ème siècle ».


Selon lui, le première leçon à tirer est celle du mensonge défendu par la bourgeoisie, c’est à dire le triomphe du capitalisme.  « On comprend et on apprend chaque jour un peu plus avec les leçons de l’histoire et les luttes des peuples. Ce siècle a commencé comme s’il avait été le siècle de la victoire finale du capitalisme. Tout le monde affirmait que le socialisme était mort. Mais le capitalisme ne peut exister qu’avec une grande offensive réactionnaire sur les peuples et les travailleurs. Cette offensive réveille la contre offensive des masses et provoque des révolutions partout dans le monde ».  


Valerio a cité l’exemple de l’Irak : « Regardez la-bas, quand Bush a envahi l’Irak il n’imaginait même pas le bourbier dans lequel il allait s’enfoncer » – et il a conclu – « la réponse que Bush reçoit en ce moment en Irak, c’est la réponse qu’il doit recevoir dans tous les continents ».  Pour lui, la préservation de l’ordre impérialiste se traduit par plus de guerres, et de privatisations et il a ajouté « l’ordre capitaliste se maintient, mais cela a un coût, c’est à dire de plus en plus de souffrance pour l’humanité ».


Le seconde leçon porte sur les récentes révolutions en Amérique Latine, comme en Argentine, en Bolivie et en Equateur. En se référant aux présidents
qui ont été renversés par l’action des masses dans ces pays, Valério a déclaré : « Ceux qui se sont associés à l’impérialisme ont compris ce qu’était la force des masses en lutte. Néanmoins, s’il est vrai que la vague révolutionnaire a renversé des gouvernements, il est également vrai qu’il faut chercher une solution ». Pour lui, les masses insurgées n’ont pas été capables de construire leurs organismes d’action directe et elles n’ont pas été capables de poser la question du pouvoir. 
 


Valério a rejeté les solutions qui se situent à l’intérieur du capitalisme, représentées par des gouvernements comme ceux de Evo Morales et Hugo Chavez: « Dans le cadre du capitalisme, les conditions pour construire des solutions de développement qui répondent aux besoins des pauvres n’existent pas. Ce n’est pas possible de construire une telle alternative, ni dans les Andes ni à Caracas ».


Valério a fait référence à l’expérience des masses avec la démocratie des riches, en disant qu’il s’agit de la troisième leçon que les masses doivent tirer. Il a mis en avant, en particulier, l’expérience des travailleurs brésiliens avec la démocratie bourgeoise : « Lors des 20 dernières années, Lula, le PT et la CUT ont dit aux travailleurs : « Acceptez les limites de l’ordre établi, respectez les règles du jeu. Un jour nous gagnerons les élections. Il n’y a pas besoin d’aller à l’affrontement ». La classe ouvrière leur a fait confiance et a attendu. En 2002 Lula a gagné les élections. Qu’ont vu alors les travailleurs ? Ils ont vu que le gouvernement Lula envoyait des troupes en Haïti et détruisait les droits que FHC [Fernando Henrique Cardoso, président du Brésil avant Lula. FHC est membre du PSDB, le principal parti de la bourgeoisie au Brésil (NdT)] n’était pas arrivé à détruire ».


Valério a souligné que le PT a même hérité de la corruption propre à la bourgeoisie : « Ce que les travailleurs ont vu c’est la faculté des dirigeants du PT à accepter l’argent des chefs d’entreprises pour acheter des propriétés privées sur les plages des riches de la côte nord de São Paulo. Ils les ont vus se réunir avec la bourgeoisie dans des bordels ».


Finalement, Valério a abordé la quatrième leçon: c’est à dire la nécessité de construire des instruments de lutte pour renverser le capitalisme. « Nous avons appris qu’il faut avancer dans la réorganisation des travailleurs. C’est la dernière leçon que devons tirer de ces dernières années ».


Pour lui, la CUT, qui est alliée au gouvernement, est un obstacle pour les luttes et il doit être surmonter. « La CUT est comme une prison pour les syndicats, une prison pour ceux qui veulent lutter pour leurs droits ». Il a défendu la construction de quelque chose de nouveau, d’une nouvelle organisation pour diriger l’action des travailleurs et surmonter l’obstacle de la CUT.


Valério a lancé un appel vers ceux qui ont encore des doutes quant à la construction de quelque chose de nouveau, d’une alternative, ceux, qui pour cette raison, se trouvent toujours à l’intérieur de la CUT : « Les dirigeants de la gauche de la CUT ne peuvent plus continuer ainsi, ou ils se rangent du côté des travailleurs, ou bien ils se rangent du côté du gouvernement. Il n’y a pas de moyen terme. Il doivent détruire les fondations de la CUT. Les syndicats n’ont pas été construits pour défendre le Ministère du Travail, ils ont été créés pour défendre ceux qui vivent de leur travail ».


Il a également répondu aux syndicalistes qui émettent des doutes quant au fait de construire une alternative et qui croient que construire une nouvelle organisation est une position sectaire. « Certains camarades disent que construire une nouvelle centrale syndicale n’est possible qu’après une grande vague de luttes. Or, la construction d’une nouvelle organisation est justement le levier nécessaire pour cette vague de luttes ». Et il a conclu en disantqu’il fallait préparer une point d’appui et lutter contre les réformes néolibérales : « Nous appelons tous ceux qui sont restés au milieu du chemin, à faire un pas en avant et à nous rejoindre ».

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