ven Mar 29, 2024
vendredi, mars 29, 2024

Regimes speciaux…. arguments specieux !

Pendant que son patron amusait la galerie avec des declarations peremptoires a l’occasion de faits divers sordides, F. Fillon, Premier ministre, mettait discretement la derniere main a quelques dossiers brulants. Le 9 septembre, il est pret et n’attend que le feu vert du President.


 


C’est fait le 11 septembre a Rennes, puis le 18, devant l’Association des journalistes de l’information sociale : « La priorite, c’est de traiter la question des regimes speciaux de retraites. (…) C’est une question d’equite. On n’entreprendra pas une troisieme reforme des retraites sans les y inclure. ».


 


N. Sarkozy s’invite ensuite a la television : « Je ne cederai pas sur ce principe parce que c’est un principe d’equite. On ne peut pas dire a des millions de Francais « vous devez cotiser 40 ans » et a quelques millions d’autres « vous devez cotiser 37 annees et demie » meme si on doit tenir compte de la penibilite. » (Interview du 20 septembre 2007 sur TF1 et F2(1)).


 


En 1993, E. Balladur, Premier ministre de F. Mitterrand, avait brutalement decide que les travailleurs du prive devraient cotiser 40 ans en 2003, pour « beneficier » d’une retraite a taux plein. En 2003 sous J. Chirac, pour J.-P. Raffarin, Premier ministre, et pour F. Fillon, ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarite, « l’equite » c’etait d’aligner les fonctionnaires sur le regime general avec 41 ans en 2012, au lieu de 37,5. L’argument de la penibilite etait deja utilise, et des « negociations » devaient s’ouvrir qui n’ont toujours pas abouti.


 


En 2007, selon N. Sarkozy, « l’equite » c’est d’aligner les regimes speciaux sur les fonctionnaires et le regime general : « (…) il n’y a aucune raison qu’un metallo, qu’un ouvrier du textile ou qu’un salarie du prive cotisent 40 annees quand les autres cotisent 37 annees et demie ». Alors, pourquoi ne pas conclure que, pour des raisons d’equite, tout le monde doit revenir a 37,5 annees decotisations avec une pension complete a 60 ans maximum ?


 


Mais non, car l’equite c’est donner a chacun ce qui doit lui revenir : le bouclier fiscal pour les riches, le partage de la misere pour les autres. Enlever aux mineurs et aux cheminots pour donner, un peu, aux retraites – non salaries – de l’agriculture : « La revalorisation des petites pensions et le maintien du pouvoir d’achat des retraites agricoles seront au coeur de la deuxieme etape de la reforme des retraites en 2008. » C’etait le 11 septembre a Rennes.


 


Prevue de longue date, annoncee par la presse des l’adoption de la loi Fillon de 2003 comme « ineluctable », une nouvelle attaque generalisee contre les retraites est programmee pour 2008 ; attaque conditionnee, toutefois, a la reussite de celle qui est en cours contre les regimes speciaux. En clair : electriciens, gaziers, cheminots, marins, employes de la RATP ou de la Banque de France, clercs de notaires, acceptez la remise en cause de vos regimes speciaux et Sarkozy vous promet… de remettre le couvert des 2008, pour vous, pour les


fonctionnaires, et pour les travailleurs qui relevent du regime general !


 


Moins nombreux, mais mieux payes…


 


Tout le monde le sait, le « bouclier fiscal » equitable, adopte cet ete, va aboutir a une ristourne de 15 milliards d’Euros pour les menages les plus aises, ces 15 milliards de recettes fiscales en moins servant de pretexte pour s’attaquer, et aux 5 milliards que couteraient a l’Etat les regimes speciaux, et aux fonctionnaires : « On a 1.200 milliards de dettes(2), les salaires et les retraites c’est 45% du budget de la France, si on remplace tout le monde qui part a la retraite on ne pourra pas reduire les deficits. Et nous avons propose avec le Premier ministre que la moitie des economies realisees en gains de productivite on leur redonnerait en pouvoir d’achat aux fonctionnaires. Moins de fonctionnaires, mieux payes, c’est ca une Fonction publique


moderne. » (Le 20 septembre, TF1 et F2).


 


Des fonctionnaires moins nombreux mais mieux payes, c’etait tres exactement l’argument central de la « reforme ambitieuse et novatrice » imposee, en son temps, par le « socialiste » P. Quiles aux PTT. Les consequences en ont ete la precarite, et la privatisation de France Telecom en attendant celle de la Poste. Le « merite » a ete recompense par des primes et promotions qui


font le delice des courtisans et des « petits chefs ». ; mais les salaries le savent : c’est, en realite, travailler plus pour gagner moins ! Le gouvernement veut, lui, generaliser la « reforme Quiles » a toutes les fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitaliere)…


 


Les generations futures


 


L’argument de la dette « reportee sur les generations futures » est constant. En 2006, et pour l’Etat seul, la charge de la dette, la somme que l’Etat doit payer a ceux qui lui pretent, etait de 39 milliards d’euros, soit 14,6 % de son budget. Questions : qui prete a l’Etat, contre interets ? Qui profite financierement du deficit de l’Etat ? Ce sont les « contribuables » les plus riches, ceux qui ont le patrimoine le plus gros, les revenus les plus eleves. Ce sont en effet les capitalistes qui ont tout interet… a ce que le deficit subsiste a un haut niveau, ces memes capitalistes qui, a la fois, reclament des economies et estiment qu’ils… paient trop d’impots !


 


Resumons-nous : moins de depenses (soit : moins de fonctionnaires, moins payes, moins de depenses sociales, etc.) + moins de recettes (soit : moins d’impots et de cotisations sociales) = une dette qui perdure et engraisse les capitalistes. Des capitalistes possedant les entreprises qui prosperent grace aux depenses publiques (militaires…), ou grace aux privatisations et a la soustraitance effrenee a laquelle se livrent les administrations et les entreprises publiques : ils ont le beurre et l’argent du beurre !


 


Les capitalistes, eux, ont un gros patrimoine a transmettre « aux generations futures », c’est-a-dire a leur progeniture ; les notaires y travaillent depuis 20 ans, et le gateau est enorme. C’est


pourquoi la suppression de l’impot sur les successions figurait en bonne place au programme de N. Sarkozy. Bien sur, on nous retorquera que les petits heritages sont aussi concernes par cette suppression. On nous retorquera egalement que les petites pensions seraient revalorisees et les petits salaires augmentes dans la mesure ou, bien entendu, la somme globale n’augmentera


pas, elle baissera meme., parce qu’on « deshabillera Pierre pour habiller Paul », d’autant plus que Pierre est pauvre et que Paul est riche. Mais remercions le President, puisqu’il nous


promet qu’il va meme s’occuper de la dependance.


 


Alzheimer n’est pas oublie


 


Deja bien servi par la reforme hospitaliere Juppe-Jospin, et soigne par le bon docteur Mattei, ministre de la canicule de 2003, le secteur des cliniques privees se sent pousser des ailes. Le business des maisons de retraite privees explose et, si ces etablissements sont medicalises, c’est le jackpot ! Les compagnies d’assurance peuvent jubiler : « Il s’agit ensuite de developper l’assurance individuelle contre le risque de dependance. (…) La dependance des personnes agees est le plus souvent un risque assurable qui peut etre couvert en partie par des produits financiers innovants. Ces produits d’epargne longue pourront etre fiscalement avantages. » (Sarkozy, Le 18 septembre.).


 


Comme en 2008 il est prevue une autre « reforme des retraites », gageons que les « produits financiers innovants », les fonds de pension par capitalisation, seront la aussi la solution.


 


Et puis, il y a l’argument massue pour imposer des restrictions et privatiser la protection sociale : la maladie d’Alzheimer. Les chiffres font fremir : 850 000 malades, et 220 000 nouveaux


cas chaque annee, si tant est que la croissance du nombre de malade soit averee (le chiffre du gouvernement Villepin n’etait que de 165 000(3) par an, alors que d’autres parlent de 65 000


« seulement »). Il devrait y en avoir 1,3 million en 2020 et 2,1 million en… 2050, rien de moins ! La multiplication des malades releve-t-elle de l’intervention divine ? Peut-etre… Interroge le 20


septembre par A. Chabot sur ce qui le fait durer, « il faut demander au bon Dieu », a repondu le tres catholique president d’une republique theoriquement laique…


 


Toujours est-il, la mise en place de nouvelles franchises de remboursement viendraient alimenter les 3 000 a 4 500 euros mensuels que coute la prise en charge permanente d’un malade d’Alzheimer par une structure privee… Sur l’hypothese basse de 1 500 euros par mois (prise en charge partielle 8 heures par jour) pour 2,1 millions de malades, cela ferait… 38 milliards par an en 2020, plus l’inflation et sans compter les efforts de recherche pour une maladie aujourd’hui incurable. Le « bon dieu » se fout du monde.


 


Tout ceci, sur la base de la « solidarite » entre les malades, en remboursant moins les uns pour


« soigner » les autres ; en alimentant les profits des laboratoires pharmaceutiques, des compagnie d’assurances et des mouroirs de luxe. Voila ce que le Gouvernement Sarkozy-Fillon veut proposer aux « partenaires sociaux ».


 


Il n’y a rien a negocier !


 


On l’aura remarque, le MEDEF est entierement favorable a ces « reformes ». Le seul « effort » qu’on lui demande c’est de faire des promesses sur « l’emploi des seniors ». Pour le reste, c’est tout benefice ! Mais, pour nous, la defense de la protection sociale n’est negociable ! Pas plus que ne l’est la fusion ANPEUNEDIC et la privatisation du placement offert aux agences d’interim.


 


Le « diagnostique partage » entre Thibault, Chereque et Villepin, le dynamitage du Code du travail prepare en coulisses depuis 2005, avec la participation active des directions syndicales,


debouche aujourd’hui sur une permanente et constante « concertation » dans le dos des syndiques, sur le dos de l’ensemble des travailleurs.


 


Il y a un fil conducteur qui va du « diagnostique partage » a la mise en oeuvre du traitement de choc, decoulant du « diagnostique » par Sarkozy- Fillon. Le « debat » courtois, poli, engage par N. Sarkozy, avant meme son investiture, avec les bureaucrates syndicaux (soumis tout de meme a des menaces de « passage en force »), montre la realite et l’etendue de la remise en cause de l’independance syndicale.


 


L’ensemble de la protection sociale etant menacee, la mobilisation la plus large est a l’ordre du jour. Ceci implique que, des maintenant, aucun dirigeant d’aucune organisation syndicale ne doit sieger dans quelque instance de « concertation » que ce soit ! Ceci implique que la realisation de l’unite d’action la plus large doit etre recherchee pour faire echouer Sarkozy- Fillon-Parisot.


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1) L’ensemble des declarations est disponible= sur le site web de l’Elysee – http:// www.elysee.fr/


2) Il y a la confusion, volontaire, entre la dette de l’Etat et la dette publique qui, elle, « est la dette au sens du traite de Maastricht, c’est-a-dire qu’elle couvre la dette de toutes les administrations publiques (Etat, administrations de securite sociale, administrations locales et organismes divers d’administration centrale) » Defintion tiree des Notes bleues de Bercy sur le budget 2007.


3) http://www.archives.premierministre/. gouv.fr/villepin/chantiers/sante_666/index.html

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