Hier, le chemin a ete coupe par une riviere apres un orage. Aujourd’hui, apres encore huit heures de chemin, nous sommes de retour a Port-au-Prince. La fatigue commence a se manifester sur tous les visages. La derniere activite avec les travailleurs haitiens a lieu dans un endroit tres significatif : Cite Soleil, le plus grand bidonville de Haiti. C’est l’endroit le plus violent de la ville, ou
Nous entrons dans
Les visages sont sympathiques et gentils et on nous recoit avec la camaraderie habituelle. Un camarade de Batay Ouvriye nous salue et dit de nous sentir comme a la maison. Effectivement, nous nous sentons entre amis, comme entre des travailleurs bresiliens. Je me rends compte comment la lutte commune casse des barrieres : nous sommes chez nous a Cite Soleil, comme aucun autre etranger ne pourrait l’etre. On fait la presentation des presents, comme c’est l’habitude ici. Toninho parle de la lettre. Au milieu de son discours, il dit qu’il adore son pays et le football, et qu’il sait que c’est aussi le cas pour les Haitiens. Mais quand ils brulent le drapeau du Bresil dans une manifestation contre les troupes, nous les soutiendrons. Il est tres applaudi. Olair, un representant du Sindsef de Sao Paulo, parle de sa peau noire et comment il s’est identifie avec le peuple haitien. Sa voix est noyee dans l’emotion et nous emeut tous.
Parmi les presents, il y a la delegation de Hanes, le fabriquant le plus important de T-shirts des Etats-Unis, qui vient de licencier 600 travailleurs pour fermer l’usine ici. En outre, il refuse de payer les indemnisations. Les ouvriers sont venus au rassemblement pour discuter avec nous d’une lutte en commun, non seulement contre l’occupation, mais aussi contre l’entreprise. Une des ouvrieres parle, et son indignation prend de l’ampleur. Elle raconte comment ils travaillaient 12 heures d’affilees, sans droit a une pause pour le dejeuner ou pour aller aux toilettes, pour quelques 55 dollars par mois. L’usine placait des chaines sur les portes pour eviter qu’ils abandonnent la ligne de production pour aller aux toilettes. Ils licencient maintenant tout le monde et ne veulent rien payer. Elle termine avec une comparaison juste : « nous sommes les esclaves modernes ». A la fin de la rencontre, nous sommes tous contents d’avoir vu