Jue Mar 28, 2024
28 marzo, 2024

Expulsion des sans-papiers de la Bourse du Travail par la CGT

La condamnation doit être unanime !

 

Depuis 14 mois, la coordination 75 des sans-papiers (CSP 75), occupait l'annexe E. Varlin de la bourse du travail dans le troisième arrondissement de Paris, pour réclamer leur régularisation.

 

Le 24 juin, alors qu'une bonne partie de ces travailleurs était partie manifester comme chaque mercredi, un commando masqué, composé de membres du service d'ordre de la CGT, a brutalement investi les lieux. Armé de bâtons et de gaz lacrymogènes, les gros bras ont expulsé sans ménagement les personnes présentes. Les occupants n'ont pu récupérer leur effets personnels que plus tard, sous le contrôle de la police, qui a visiblement supervisé l'opération. Dans la foulée, les CRS se sont déployés devant la bourse du travail prenant le relais du service d'ordre de la CGT.

 

 

 

Cherchant à se justifier, dans un communiqué du 25 juin, l'Union départementale CGT de Paris déclare avoir tout essayé par le dialogue et se targue d'avoir contribué à la régularisation de plus 2000 personnes, depuis avril 2008. Elle estime avoir mis fin à une occupation qui, selon, elle s'était transformée en squatt et entravait l'activité des syndicats parisiens. Il faut souligner, en effet, que d'autres organisations syndicales, outre la CGT, disposent de locaux à la bourse du travail de la rue Charlot : cette évacuation s'est faite avec leur complicité ou, au moins, leur accord tacite. Seule l'Union syndicale Solidaires s'est fendue d'une déclaration au demeurant modérée et ambiguë.

 

Les deux communiqués soulignent le caractère paradoxale d'occuper des locaux syndicaux pour obtenir des régularisations de la part des patrons et de l'Etat, mais le communiqué de la CGT laisse planer une accusation de manipulation : « Qui avait intérêt à cette occupation (…) ? Qui gênonsnous et à qui faisons-nous de l'ombre ? ».

 

Quels que soient les désaccords, rien ne peut justifier de telles méthodes, et le GSI condamne sans réserves ces pratiques honteuses, héritées du stalinisme, étrangères au mouvement ouvrier et dignes des syndicats jaunes.

 

A l'origine, les bourses du travail avaient pour objectif d'assurer l'organisation des grèves et de la solidarité ouvrière, d'instaurer, « au dessus des divisions professionnelles et corporatives, la communauté de classe ». Les héritiers des bourses du travail se doivent donc de protéger des forces de répression et de l'exploitation capitaliste, tous les travailleurs, quels qu'ils soient, syndiqués ou non syndiqués. Notamment les plus exploités et démunis, en permanence sous une menace d'expulsion, qui fuient la misère de leur pays. Les dirigeants de la CGT ont renoncé à ces principes !

 

Les travailleurs sans papiers attendaient un soutien sans faille de toutes les organisations syndicales, au premier rang desquelles la CGT, pour obtenir des papiers pour vivre au grand jour, dignement, avec leur famille, pour se loger décemment, eux qui paient des impôts et qui versent des cotisations sociales, quand leur patron daigne les déclarer aux organismes de sécurité sociale.

 

Au lieu d'en appeler à l'unité pour la régularisation globale de tous les sans papiers, à la mobilisation générale contre les lois racistes du gouvernement Sarkosy, les dirigeants de la CGT ont, au contraire, limité leur intervention à des secteurs bien précis, pour l'essentiel dans l'hôtellerie, la restauration et « l'environnement » (le ramassage et le traitement des ordures…), agissant au cas par cas, laissant pour compte la grande masse des sans-papiers, dans le BTP, le nettoyage, la « sécurité » ou dans l'agriculture.

 

Il faut cependant tout le cynisme scandaleux du journal Libération pour considérer que : « L'évacuation musclée des sans-papiers (…) aura peutêtre le mérite de débloquer la situation. En jetant sur le trottoir du boulevard du Temple les membres de la Coordination des Sans-Papiers 75 (CSP 75), la CGT a redonné un peu de visibilité au combat pour leur régularisation, qui s'était enlisé depuis quatorze mois. »1.

 

Bien voyons ! Depuis leur « évacuation », les travailleurs sans papiers et leurs familles sont installés sur le trottoir, effectivement, ils sont « visibles »… tant qu'ils ne sont pas enfermés dans un camp de rétention en attente d'une expulsion du territoire.

 

Les bureaucrates ont fait leurs les critères scandaleux « d'immigration choisie » de la loi Sarkozy-Hortefeux, adaptée aux besoins du capitalisme. Ils ont choisi eux-même d'aider le gouvernement à « remettre de l'ordre » dans des secteurs où patronat et gouvernement avaient intérêt à certaines régularisations ciblées et limitées. En agissant ainsi, les dirigeants de la CGT ont livré la masse des travailleurs sans papiers au désespoir et, maintenant, ils les accusent d'avoir été les instruments d'une provocation ! Alors que c'est la connivence entre les bureaucrates et l'appareil d'Etat qui ouvre la voie à toutes les provocations contre les travailleurs et leurs organisations !

 

Ce sont les bureaucrates qui doivent être chassés des bourses du travail. Ceux là mêmes qui prônent le dialogue social avec un gouvernement qui poursuit la plus grande destruction de nos conquêtes sociales. Ceux là qui ont maintenu dans l'isolement les travailleurs de Guadeloupe. Ceux là même qui, aujourd'hui encore, font le silence sur la répression dont les militants de l'UGTG sont l'objet de la part des autorités coloniales qui cherche à démolir les « accords Jacques Bino » avec le MEDEF, la FNSEA et les Békés. L'honneur du mouvement ouvrier est dans la poursuite du combat pour éradiquer les pratiques racistes et colonialistes dans ses propres rangs.

 

Il faut chasser des bourses du travail ceux là mêmes qui multiplient les journées d'action contre la grève générale et qui acceptent sans broncher que l'action syndicale soit criminalisée. Nous devons nous doter d'une véritable organisation, une Centrale Unique des Travailleurs, sur une ligne d'indépendance de classe vis à vis des patrons et des gouvernements, débarrassée des bureaucrates.

 

Non à l'immigration choisie !

Abrogation de toutes les lois anti-immigrés !

Arrêt des rafles et expulsions !

Régularisation de tous les sans-papiers !

Unité des travailleurs français immigrés contre la politique de ce gouvernement !

 

Paris, le 30 juin 2009

 

Site web : http://www.gsi-litqi.org/ Courriel : contact@gsi-litqi.org

 

1 http://www.liberation.fr/societe/0101576526-sans-papiers-de-la-bourse-du-travail-vers-un-deblocage

Más contenido relacionado:

Artículos más leídos: