Fri Mar 29, 2024
March 29, 2024

CE SONT LES TROUPES DE L’ONU, QUI COMMANDENT DANS LE PAYS

RENCONTRE AVEC LE PRESIDENT


 


Aujourd’hui, nous sommes alles parler avec le president Rene Preval. En arrivant, il y a toutes les apparences et formalites du pouvoir : un palais luxueux, tout blanc, decore avec des bustes en bronze des heros de la liberation du pays et les fouilles avec detecteur de metaux et policiers meticuleux. Rien qu’une apparence : le president est un fantoche, soutenu par les troupes de l’ONU, dirige par l’ambassade bresilienne.


 


Nous nous asseyons et Preval entre immediatement, attentif et gentil. (…) Toninho presente la lettre. Preval repond en remerciant pour la solidarite. Il dit qu’il est d’accord que les troupes doivent partir, mais pas maintenant. Citation de Mao : «Il faut comprendre quelle est la contradiction principale et quelle est la secondaire a chaque moment ». Les bandes armees du trafic de drogues sont encore fortes et l’Etat haitien n’a meme pas de police. Ces bandes seraient donc la contradiction principale, non les troupes etrangeres. Des que possible, les troupes seraient retirees. Je lui reponds que nous deplorons qu’il defende l’occupation, que la polarisation n’est pas entre les troupes et les bandes armees du trafic de drogues, mais entre les troupes et les luttes des travailleurs de Haiti, et que nous n’etions pas la pour etre solidaire avec lui mais avec le peuple haitien qui combat contre les troupes et contre lui.


 


La gentillesse a pris fin immediatement : il nous a attaque comme « gauchistes », il est devenu nerveux, mais il n’a rien repondu. Aderson, representant de l’Ordre des Avocats du Bresil, a dit qu’il etait la pour preparer un rapport pour l’OAB sur la situation des droits de l’homme a Haiti et qu’il voyait des abus des troupes. A ce moment-la, il y a eu quelque chose de tres etonnant. Tout a coup, Preval, s’est mis sous la table. Il y en a qui pensaient qu’il s’etait evanoui, d’autres, qu’il y avait un certain probleme de securite. Apres trente secondes, il est apparu de nouveau, en souriant. Selon ce que nous avons compris, c’etait une plaisanterie, pour feindre qu’il ne pouvait pas entendre ce qu’on lui disait. Il a ete ridicule et pathetique : un president accroupi sous la table ! La reunion a dure encore presque une heure, toute la delegation mettant en question l’occupation, mais il n’a repondu a rien. Voila un indice de fragilite du gouvernement : pendant une heure, il est durement mis en question par nous, ne repondant a rien, mais sans nous jeter dehors.


 


Une autre partie de la delegation est allee parler avec le ministre du travail et la responsable des zones franches. Ces reunions etaient importantes pour que Batay Ouvriye presente au gouvernement une liste d’exigences, mais elles ont aussi servi a montrer l’attitude de ce gouvernement. Un des fonctionnaires a defendu la repression en disant que les haitiens « etaient paresseux et sans discipline ». Un autre fonctionnaire a dit qu’il ne pouvait pas etre « sentimental » avec les femmes enceintes si elles ne repondaient pas aux regles du travail. Il l’a dit a cause d’un fait honteux : une travailleuse enceinte a ete frappee et a ete jetee dans la boue parce qu’elle participait a une mobilisation. La justice a reconnu le fait comme un « delit » mais n’a decide aucune punition afin de « ne pas nuire aux investissements ».

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